Photo Alexander Chetchikov © WLCC

Il aura fallu attendre la date du 8 octobre 2025 pour que soit mis en lumière les acteurs qui font le luxe. Petites mains, esprits créatifs, artisans, marques séculaires… Tous celles et ceux qui font du luxe un monde à part, un univers suscitant rêve, passion et succès. La Chambre de Commerce du Luxe (World Luxury Chamber of Commerce) née à New York à l’initiative d’un spécialiste du secteur, Alexander Chetchikov, rend désormais hommage à cet écosystème. Entretien.

Par Sabah Kaddouri

La World Luxury Chamber of Commerce considère qu’il est important de célébrer l’industrie du luxe à travers une journée dédiée. Quelle signification souhaitez-vous donner à cet anniversaire ?

Alexander Chetchikov : Nous consacrons une journée entière à cette célébration précisément parce que les créateurs de l’industrie du luxe sont aussi dévoués que des enseignants, des médecins ou des policiers. Ils investissent chaque jour une énergie, une passion et une maîtrise considérables dans leur travail. Ils travaillent avec un souci du détail et de la qualité absolus, conscients que toute erreur est inacceptable. Ils transmettent un savoir-faire unique et séculaire aux générations futures. Jour après jour, ils s’efforcent d’assurer un service irréprochable et de créer des produits véritablement exceptionnels.

Nous les célébrons non seulement pour le luxe, mais aussi pour l’excellence de leur savoir-faire artisanal. Il est également important de rappeler que cette industrie – selon les estimations les plus prudentes – emploie plus de 5 millions de personnes sur tous les continents.

Quelles sont les actions les plus symboliques que vous avez mises en place pour rendre cette journée spéciale ?

La World Luxury Chamber of Commerce a pour commencer symboliquement désigné la date du 8 Octobre comme journée de célébration officielle pour l’ensemble de l’industrie du luxe. Nous avons créé une plateforme pour un hommage annuel.

Notre principal objectif stratégique est désormais d’assurer sa popularité maximale et de consolider son statut à l’échelle mondiale. Cette année, nous mettrons l’accent sur la mise à l’honneur des 100 plus grandes marques de luxe mondiales et de leurs directeurs marketing, récompensant ainsi non seulement leurs produits, mais aussi les stratégies ingénieuses qui ont contribué à leur succès.

À l’avenir, nous souhaitons attirer le plus large public possible : communautés professionnelles, entreprises leaders du secteur, médias clés, influenceurs et créateurs. Notre objectif est d’instaurer une fête véritablement emblématique du secteur, qui rayonnera dans le monde entier et deviendra une référence mondiale en matière de reconnaissance.

En tant qu’expert notoire de cette industrie, que signifie pour vous le « luxe » ?

C’est une question très intéressante à laquelle j’ai récemment réfléchi sur LinkedIn. Traditionnellement, lorsqu’on entend le mot « luxe », on pense immédiatement aux symboles matériels de richesse : marques exclusives, voitures de luxe ou yachts.

Pour moi, ma définition du luxe touche aux notions d’intangibilité, qui relève de l’inestimable, de l’intouchable.

Mon luxe personnel réside dans les nouvelles expériences de voyage et les perspectives uniques qu’elles m’offrent. Je n’apprécie pas les hébergements extravagants, mais une interaction nouvelle et profonde avec un pays : cela peut impliquer de découvrir de nouvelles saveurs culinaires locales, de m’immerger dans une culture inconnue ou de vivre une expérience véritablement unique qui repousse les limites de ma perception. En fin de compte, ma formule du luxe se résume à trois éléments clés :

La liberté : pouvoir choisir où aller et quoi goûter aujourd’hui ;

De nouvelles émotions : sortir constamment de l’ordinaire, ce qui m’ouvre au monde et élargit mes horizons ;

Les souvenirs, les histoires que je raconterai pour le reste de ma vie, qui m’enchantent plus que n’importe quel objet matériel.

Justement, nous sommes perpétuellement confrontés à ces deux visions du luxe : matérielle et expérientielle. Pour le client averti… Qu’est-ce qui compte au final ?

Il s’agit assurément d’une question philosophique. Il est clair pour moi que le luxe existe dans une dualité, où convergent le matériel et l’expérientiel (sensoriel). L’un ne peut exister sans l’autre. La véritable valeur naît de leur intersection. L’objet matériel (qu’il s’agisse d’une montre ou d’un yacht) n’est que le support de l’expérience, et l’expérience en est l’âme. C’est une sorte d’alchimie qui transforme un produit de haute qualité en une expérience personnelle inoubliable. Cette synergie, plus que le simple prix, est le critère clé pour le client averti.

Comment la World Luxury Chamber of Commerce (WLCC) contribue-t-elle à préserver l’artisanat traditionnel et le patrimoine culturel dans le monde du luxe ?

La WLCC est un lieu incontournable de dialogue interculturel, ethnique et intersectoriel. Notre mission est de faciliter les échanges entre les leaders du luxe de différentes catégories et régions. Grâce à cette plateforme mondiale et à un échange d’expériences unique, nous veillons à préserver et à renforcer l’artisanat traditionnel et le patrimoine culturel dans l’ensemble du secteur. Nous y parvenons en favorisant les débats au sein de la communauté, en mettant l’accent sur les traditions ethniques et les meilleures pratiques.

Selon vous, quel pays a le leadership au sein de cette industrie ? Est-ce qu’il y a, en outre, des pays qui vous surprennent et que vous suivez avec une attention particulière ?

Cela dépend de l’angle sous lequel on envisage la question, car l’industrie du luxe se mesure à travers un prisme doublement distinct. Du point de vue de l’héritage et de la production, les pays qui ont donné au monde le plus grand nombre de marques emblématiques sont sans conteste la France, l’Italie, le Royaume-Uni et la Suisse.

Cependant, du point de vue des principaux marchés de consommation, moteurs de la croissance, les leaders sont les États-Unis, la Chine (moteur de la croissance la plus rapide), la Corée du Sud (pionnière) et les pays du Moyen-Orient (nouveaux pôles d’investissement dans le luxe). Ainsi, la « capitale du luxe » est aujourd’hui un concept beaucoup plus dynamique.

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