Dr. Mathilde Lemoine, Chef économiste du groupe Edmond de Rothschild, a
publié ses nouvelles prévisions de croissance, d’inflation et de taux de change pour 2021 et 2022 :
-Selon ses prévisions, la croissance mondiale pourrait atteindre 5% en
2021 et 4% en 2022 après un recul du PIB mondial de -3.9% en 2020.
– La croissance américaine atteindrait 4.3% en 2021 après avoir reculé de
-3 .5% en 2020. Elle serait encore de 3% en 2022. En zone euro, la hausse
du PIB de 4.5% en 2021 et de 3.8% en 2022, resterait toutefois poussive
au regard du recul de -7.5% en 2020.
– En 2021, le rebond de l’activité en Asie comme le phénomène de
rattrapage européen et américain devraient soutenir la croissance du
commerce mondial même si les tensions sino-américaines sont
structurelles.
Dans ce document, la Chef Économiste du Groupe Edmond de Rothschild a mis en avant les principaux arguments selon lesquels la situation macro-économique était très différente de la grande crise financière de 2008. C’est pourquoi elle anticipe une poursuite de l’accélération de la croissance en 2021, même en attendant la généralisation de la vaccination. Selon ses prévisions, la croissance mondiale pourrait atteindre 5% en 2021 et 4% en 2022 après un recul du PIB mondial de -3.9% en 2020.
« Bien sûr, il faut rester modeste face à l’exercice, mais questionner les modèles retenus pour estimer les effets de la pandémie ne veut pas forcément dire qu’il n’existe pas d’outils méthodologiques. C’est pour cela que nous avons choisi dès le début 2020 de nous appuyer sur les modèles spécifiques aux épidémies de grippe pour appréhender les effets de la pandémie de Covid-19 et non sur les modèles traditionnels comme l’ont décidé les organisations internationales », commente Mathilde Lemoine.
En 2021, le rebond de l’activité en Asie comme le phénomène de rattrapage européen et américain devraient soutenir la croissance du commerce mondial même si les tensions sinoaméricaines sont structurelles comme Mathilde Lemoine l’a déjà largement développé dans de précédents travaux. « Le changement de style et de direction du nouveau président
américain, Joe Biden, en matière de présence dans les organisations internationales devrait réduire l’incertitude même s’il n’a pas précisé le sort qui sera réservé aux « surtaxations Trump ». En 2019, l’indice mesurant l’incertitude du commerce mondial a atteint son plus haut historique. La progression a été particulièrement marquée aux ÉtatsUnis. En Chine; elle a été deux fois moindre. Or elle influence directement les décisions
d’exportations comme le montrent les études économétriques les plus récentes. Par exemple, un tiers de l’augmentation des exportations chinoises depuis son entrée à l’OMC résulterait de la réduction de l’incertitude quant à la politique commerciale. Parallèlement, elle affecte les décisions d’investissement directement et indirectement via son impact sur les cours boursiers ».
Les prévisions de taux et de change détaillées dans le document concluent à une accélération de l’inflation et une progression des taux longs plus marquées aux États-Unis qu’en zone euro. « Les taux longs souverains américains progresseraient tout au long de 2021 pour atteindre 1.8% en moyenne en 2022. Mais la Réserve fédérale garderait la main sur la courbe des taux pour éviter une pentification trop forte. De plus, les taux courts
devraient rester faibles. Non seulement la banque centrale américaine a annoncé poursuivre un objectif d’inflation supérieur à 2% durant les prochains trimestres. Mais, nous anticipons un renforcement de la « forward guidance » résultant d’un contrôle des taux d’emprunt souverain à 3 ans (yield curve control). Parallèlement, le relèvement des montants d’actifs achetés par la Banque centrale européenne pourrait peser sur l’euro début 2021. Toutefois, une vaccination généralisée plus rapide et efficace qu’anticipé serait particulièrement bénéfique pour la zone euro dont l’économie est plus affectée par les mesures de confinement et de restrictions de déplacement. »
A plus long terme, Mathilde Lemoine met en avant le risque de diminution de l’offre de travail et d’accroissement des inégalités originelles résultant des fermetures d’écoles et d’universités notamment. Pour les investisseurs, la tentation des gouvernements de faire pression sur les banques centrales va être forte (Fiscal dominance). C’est plus inquiétant que la dette, selon elle..
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