« Achetez maintenant, payer plus tard » : une inquiétude croissante face aux risques

4 septembre 2022

« Achetez maintenant, payer plus tard » : une inquiétude croissante face aux risques

La crise actuelle du pouvoir d’achat a augmenté les difficultés des utilisateurs d’applications mobiles de type “buy now pay later”. Et l’arrivée sur ce marché du géant Apple est venue bousculer ce secteur déjà bien fragilisé par une inquiétude croissante de la population comme des autorités face aux risques qu’il induit.

Le paiement différé : qu’est-ce que c’est ?

Le paiement différé est une facilité de paiement permettant à un utilisateur de reporter le prélèvement effectif d’un montant sur son compte courant. Autrement dit, lorsqu’un achat est effectué, bien que le vendeur reçoive les fonds dus le jour même, l’acheteur n’est quant à lui pas immédiatement débité. C’est en effet la banque de ce dernier qui avance les fonds nécessaires et consigne la dette de son client. Cette dette est ensuite directement prélevée par la banque sur le compte courant de l’acheteur, le plus souvent en fin de mois.

Permettant à toute personne de profiter immédiatement d’un achat et de ne le régler que plus tard, ce service a connu un véritable engouement auprès de la population. Mais face à une explosion de dettes insoutenables pour les consommateurs, cet essor a rapidement inquiété les régulateurs de nombreux pays.

Les temps sont durs pour les distributeurs de services de paiements différés

Les mauvaises nouvelles n’ont cessé de se succéder pour de très nombreuses fintechs proposant des offres sans intérêt de paiement différé. Et la dernière en date n’est autre que l’apparition d’Apple sur ce secteur avec une offre qui sera accessible sur ses iPhones dès la rentrée aux États-Unis. Une irruption qui risque fort de fragmenter encore plus ce secteur déjà bien fragilisé. Leader du marché des services de paiement différé, le groupe américain Affirm a ainsi vu son cours s’effondrer de 80% depuis son entrée en Bourse il y a un an. Quant à Klarna, l’un de ses principaux concurrents, il a dû accuser 748 millions de dollars de pertes en 2021, l’obligeant à supprimer 10% de ses effectifs. 

Une utilisation générale en baisse à cause de l’inflation

En raison de la spirale inflationniste qui touche de nombreux pays occidentaux, l’utilisation d’applications de paiement différé telles que Klarna a fortement diminué au cours de ces derniers mois. Lors d’une interview donnée au Financial Times, le CEO de Klarna, Sebastian Siemiatkowski, a d’ailleurs reconnu que leur entrée en Bourse allait devoir attendre.

De plus, le fondateur de ce groupe a annoncé il y a quelques mois devoir se séparer de 10% de ses effectifs, soit pas moins de 700 salariés. Il s’agit donc d’un véritable coup dur pour Klarna dont les collectes de fonds exceptionnelles avaient pourtant enthousiasmé tous les acteurs du marché.

Une industrie désormais passée au peigne fin

Plusieurs études ont entre-temps été menées afin d’analyser de façon approfondie la réalité sous-jacente du paiement différé et son impact dévastateur sur les finances d’une grande partie des consommateurs a ainsi été mis en lumière. En effet, après avoir questionné 2288 utilisateurs de services de paiement différé, l’organisme britannique Citizen Advice a pu établir que 42% d’entre eux ont dû avoir recours à un prêt consommateur, à une carte de crédit, à un découvert, à un prêt entre particuliers ou encore à d’autres solutions de financements alternatifs afin de pouvoir rembourser les sommes dues aux applications de paiement différé.

Plusieurs mesures bientôt mises en place

Au Royaume-Uni, le secteur du paiement différé avait déjà été officiellement pointé du doigt en 2021, lors de la signature par 70 parlementaires d’une lettre ouverte qui demandait à « stopper le Klarnage” par le biais de la mise en place d’une réglementation stricte relative aux activités des sociétés émettrices. La Financial Conduct Authority, l’instance de régulation du secteur financier britannique, a depuis commencé à agir et la nouvelle réglementation tant attendue devrait être mise en œuvre pour 2023 au plus tard. En parallèle à cela, le Consumer Financial Protection Bureau (CFPB) américain a lui aussi ouvert en décembre dernier une enquête sur les risques ainsi que les avantages offerts par plusieurs des sociétés principales de paiement différé : Paypal, Klarna, Afterpay, Zip et Affirm.

Le paiement fractionné représente “la nouvelle version d’un vieux système d’achat par anticipation, en plus rapide et plus moderne, au sein de laquelle le consommateur obtient le produit plus rapidement mais également la dette qui va avec” résume intelligemment Rohit Chopra, directeur du CFPB.

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