Interview de Gregory Feret: « Nous allons avoir plusieurs défis dans un futur proche »

5 mai 2020

Interview de Gregory Feret: « Nous allons avoir plusieurs défis dans un futur proche »

Interview de Gregory Feret – CEO de Qualibroker

Monde Economique: Aux quatre coins de la Suisse, les initiatives solidaires se multiplient. Les entreprises participent largement à ce mouvement de grande ampleur. Elles mobilisent du temps, de l’argent et des ressources. Cet élan de solidarité sans précédent va-t-il bouleverser durablement nos rapports sociaux ?

Gregory Feret: C’est une grande question et je n’ai pas la réponse (rire). Cependant, je trouve rassurant de voir à quel point les personnes se sont entraidées et ont trouvé en très peu de temps des solutions innovantes.

En revanche, je pense qu’il sera difficile, voire impossible pour les entreprises de revenir en arrière après avoir mis en place un système d’actions solidaires. Au sein de Qualibroker, nous réfléchissions depuis longtemps à offrir à nos collaborateurs la possibilité de s’engager pour une bonne cause. La crise étant là, nous avons finalisé un partenariat avec la start-up lausannoise www.alayagood.com qui permet de voir en un coup d’œil, un très grand nombre de causes à soutenir et pouvoir y participer très facilement.

Monde Economique: Le tsunami du coronavirus touche presque autant les petites que les grandes entreprises. Comment la pandémie impacte-t-elle Qualibroker ?

Gregory Feret: Nous disposons d’une clientèle très variée en termes de taille et de secteur. Nous subirons un impact financier mais il est difficile de dire, aujourd’hui, à quel point nous serons touchés. La spécificité de notre domaine est qu’une partie de notre rémunération est activée l’année suivante.  Ce décalage donne l’avantage de ne pas avoir de problème de liquidité en cette période mais amène une incertitude sur notre chiffre d’affaires 2021 et 2022.

Lors du confinement, notre charge de travail a baissé de près de 30%. C’est pourquoi, nous avons préféré inscrire une partie de nos équipes au chômage technique. Malgré tout, nous sommes confiants pour l’avenir car le secteur de l’assurance réagit en général plutôt bien aux crises. Notre groupe est également très solide et a la chance d’occuper une position importante dans le marché suisse.

Monde Economique: Des entreprises ont été très fortement secouées par cette mise en quarantaine. Avec la reprise progressive des activités, certaines entreprises parlent déjà de réduire la voilure et d’autres devront plutôt relancer la machine. Et vous ?

Gregory Feret: Avec les incertitudes autour de cette crise, il est très difficile d’anticiper et donc de prendre des mesures avec certitudes. Dans notre cas, nous avons préféré nous préparer au pire en prenant des décisions fortes, dès le début, comme par exemple la réduction des salaires de notre équipe de direction. Notre groupe est solide et très bien organisé, j’ai bon espoir que nous n’aurons pas besoin de prendre des mesures supplémentaires.

Concernant la reprise d’activités, 95% de nos équipes sont en télétravail. Nous sommes prêts à reprendre une activité plus dense. La grande question est de savoir quand et comment reprendre une activité commerciale.

Monde Economique: Que ce soit la gestion de projets et d’équipes, le partage de documents, ou encore la tenue de séances, on constate que la digitalisation, en règle générale, s’est accélérée durant cette période. Le Covid-19 va-t-il engendrer une accélération vers de nouvelles habitudes de travail ?

Gregory Feret: Je crois que le confinement a été l’occasion pour beaucoup d’entreprises de faire un test grandeur nature de ces nouveaux outils.

Les effets positifs sont mesurables et il semble intéressant de poursuivre dans cette voie afin d’améliorer la qualité du travail mais aussi la qualité de vie des équipes. De notre côté, nous allons renforcer le télétravail et profiter de cette période pour mettre en place de nouveaux services digitaux comme par exemple notre téléphonie qui sera intégrée directement dans nos outils collaboratifs « teams » ou encore la numérisation du process de signatures qui nous évitera de nous envoyer des documents à la maison ou entre bureaux.

Monde Economique: Ce qui a été frappant face à la crise du coronavirus, c’est la manière dont les entreprises ont réagi, avec rapidité, agilité et souplesse. Comment notre tissu économique peut-il préparer l’avenir ?

Gregory Feret: Je pense que nous allons avoir plusieurs défis dans un futur proche. Tout d’abord, la flexibilité du travail sera un critère important pour garder les talents.

Ensuite, le développement commercial se fera toujours plus grâce au digital. Même si certains secteurs maîtrisent cette approche, la grande majorité des sociétés n’ont pas encore intégré dans leur ADN l’acquisition de clients grâce au digital.

Enfin, la capacité des sociétés à créer des partenariats stratégiques avec d’autres entreprises me semblent un axe très important dans le futur. Nous devrons être capables de travailler en architecture ouverte et ainsi mieux répondre aux besoins des clients.

Interview realisée par Thierry Dime

 

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