Interview de Monica Malcarne, Présidente du Zonta Morges-La Côte

15 avril 2014

Interview de Monica Malcarne, Présidente du Zonta Morges-La Côte

Le Monde Economique Les « club » ou afterworks entre collaborateurs ont longtemps été des pratiques masculines. Mais depuis quelques années, les femmes ont compris l’intérêt des réseaux formels ou informels. Pensez-vous qu’il était temps qu’elles s’y mettent aussi?

Monica Malcarne Les femmes fonctionnent sous formes de communauté ou réseau depuis que femme il y a. Le Zonta existe depuis 1919 et n’est pas l’unique réseau de femmes en Suisse et dans le monde, mais il est un réseau qui compte au niveau national et international par notre statut consultatif général aux Nations Unies*.

Depuis quelques années les femmes ont en effet compris l’intérêt et la puissance des réseaux formels et informels surtout dans le déploiement d’activités professionnelles. C’est un aspect d’autant plus important quand elles décident de créer leur propre entreprise et nous nous devons de mettre un accent tout particuliers à créer ces liens.

Le Monde Economique Parmi les réseaux féminins établis dans la région, on compte le Zonta dont le but est la promotion du statut de la femme dans sa vie quotidienne ou professionnelle. Qu’est-ce qui fait le succès d’un club tel que le Zonta?

Monica Malcarne Le succès a de multiples facettes. La première est l’engagement de nos membres à participer d’une manière ou d’une autre, selon leur temps à disposition, aux activités de notre club et ceux de la région. La deuxième est de lever des fonds de manière à contribuer financièrement au soutien d’organismes locaux dont les objectifs rejoignent ceux du Zonta ; en deux ans nous avons effectué pas moins de CHF 25’000.- de dons. La troisième, et non des moindres, est de s’adapter afin de répondre aux besoins des nouvelles générations de femmes qui jonglent entre leur vie familiale et associative tout en étant ayant une activité professionnelle soutenue. L’important est de savoir se renouveler et valoriser nos compétences tout en gardant un esprit convivial.

Monica Malcarne, Présidente du Zonta Morges-La Côte

Le Monde Economique Cette année, le Zonta Club Morges-La Côte, membre du Zonta International, célèbre ses dix ans d’existence. Parmi les activités organisées à l’occasion de cet anniversaire, il y aura un spectacle baptisé «Mais que veulent-elles encore? Encore!». Pourquoi ce choix?

Monica Malcarne Avant tout et surtout c’est une chance unique de fêter notre anniversaire dans un lieu qui nous ressemble. Nous sommes un club de femmes ayant fait le souhait de s’associer à un spectacle réalisé par des femmes dans un théâtre géré par une femme, l’opportunité était trop belle et nous voulions la saisir. Ce spectacle empreint d’humour évoque le droit de vote, l’avortement, les fringues, la lessive, les modes, les violences conjugales, la chirurgie esthétique et bien d’autres sujets encore. Il s’agit d’un travail de mémoire parlant de ces parcelles de droits que les femmes ont gagnées à la fin du siècle passé ; d’une sorte de cabaret dramatique pour évoquer cette situation de questionnements ; d’une évolution dans le temps, évoquée aussi par les costumes. Je ne peux que vous inviter à venir. Renseignements sur le site http://www.theatre-rolle.ch.

Interview de Monica Malcarne, Présidente du Zonta Morges-La Côte

Le Monde Economique Si, dans les pays démocratiques, les femmes jouissent de droits sensiblement améliorées depuis le 19ème siècle, il reste encore beaucoup à faire… Comment mieux promouvoir et protéger les droits des femmes aujourd’hui?

Monica Malcarne Avant tout et surtout la vigilance est de rigueur. Notre société est en pleine mutation et, malgré tout, les défis d’hier restent les mêmes pour les femmes. La votation relative à l’avortement de ce début d’année nous le rappelle bien. Ce que nous prenons comme acquis, car obtenu après une longue lutte, peut se trouver remis en cause du jour au lendemain. En tout premier lieu, l’information et la formation sont le fil rouge de multiples événements que nous organisons tout au long de l’année. Nous avons organisé des conférences et tables rondes traitent des sujets relatifs à la santé, notamment le cancer du sein et le vaccin contre le Papillomavirus. Nous avons tenus des soirées débats sur le thème de ma violence faite aux femmes ou la traite de la femmes à des fins de prostitution. Nous apportons notre soutien logistique et financier à des organismes locaux tel que Europa Donna, Malley Prairie, le Foyer des Grottes, l’association Valériane. Nous avons créé un prix métier qui reconnaît des femmes qui sont choisi un métier dit « d’homme ». Nous avons également un prix violence qui est destiné à un(e) étudiant(e), universitaire ou d’une haute école spécialisée HES, pour l’excellence de son travail de recherche dont le thème est la violence envers les femmes. La liste n’est pas exhaustive mais montre la palettes de moyens que nous déployons pour promouvoir et protéger les droits fondamentaux des femmes.

Le Monde Economique S’impliquer dans un réseau féminin, c’est la première démarche du changement : elle pousse à sortir de soi, à changer de point de vue et de dimension. Comment trouver ce temps de la générosité dans un planning reparti entre vie professionnelle et familiale ?

Monica MalcarneJongler avec les différentes priorités qui se présentent à nous nécessite de savoir travailler en équipe, de s’entourer de personnes complémentaires et surtout de savoir déléguer. Il est important également de s’organiser en fonction de la valeur ajoutée de chacune d’entre nous. J’ai souvent observé que ce qui nous sert le plus est l’impact que nous avons sur notre communauté plutôt que la recherche effrainée de la perfection qui habitent certaines d’entre nous. Cela demande de l’organisation certes, mais surtout de savoir naviguer dans l’ambiguité, dans la zone grise comme on dit et surtout de faire confiance en l’execution des tâches et des projets. Cela demande également de l’indulgence et de valoriser la contribution de chacune.

Monica Malcarne, Présidentes, Biennum 2012-2014

infos@zonta-morgeslacote.ch

www.zonta-morgeslacote.ch

* En 1963, Zonta International s’est vu accordé un statut consultatif au Conseil Economique et Social (ECOSOC) des Nations Unies. En 1969, il a été promu au Statut consultatif catégorie II puis dès 1985 en catégorie I, soit la plus haute reconnaissance des Nations Unies pour cette activité. Le Zonta a également obtenu le statut consultatif auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) en 1971, auprès du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en 1972, auprès du Fonds des Nations Unies pour les Femmes (ONU Femmes), et à l’Organisation Internationale du Travail (ILO). En 1983, le Zonta a encore obtenu un statut consultatif auprès du Conseil de l’Europe et dispose maintenant des représentantes à Strasbourg, France. En 1996, un changement dans les classifications des Nations Unies donna au Zonta le
« Statut Consultatif Général ».

 

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