Interview de Patrick Gyger: « il n’est pas fréquent d’avoir la possibilité d’ouvrir un nouveau quartier de ville dédié aux arts »

3 octobre 2022

Interview de Patrick Gyger: « il n’est pas fréquent d’avoir la possibilité d’ouvrir un nouveau quartier de ville dédié aux arts »

PhotoS © PLATEFORME 10

Patrick Gyger – Directeur général PLATEFORME 10

Monde Économique : PLATEFORME 10, le nouveau quartier des arts de Lausanne a ouvert ses portes cet été et accueille sur son site les 3 musées cantonaux vaudois du mudac, de Photo Elysée et du MCBA ainsi que les collections des fondations Toms Pauli et Félix Vallotton. Peut-on dire qu’avec PLATEFORME 10, Lausanne a frappé un grand coup ?

Patrick Gyger : C’est le canton de Vaud qui est à la manœuvre initialement, mais Lausanne est un partenaire de premier plan. Il ne s’agit pas tant de se positionner face à d’autres villes suisses ou romandes, que de valoriser le patrimoine et les compétences locales. Il est clair qu’il n’est pas fréquent d’avoir la possibilité d’ouvrir un nouveau quartier de ville, et qui plus est de le dédier intégralement aux arts. C’est donc un projet ambitieux, osé même, que nous défendons et dont nous pouvons être fier.e.s avec l’ensemble des équipes de la Fondation de droit public qui pilote aujourd’hui les musées qui forment Plateforme 10.

Monde Économique Le projet de la PLATEFORME 10 dispose de tous les atouts pour susciter l’adhésion : une envergure enviable mais surtout une ambition inédite de faire voyager les visiteurs entre les disciplines du design, de la photographie et des beaux-arts. Comment va se présenter l’offre culturelle ?

Patrick Gyger : L’offre sera à la fois singulière et multiple. Elle sera composée de nombreuses expositions, mais aussi d’événements artistiques de tout genre, conférences, festivals, rencontres, performances. Les propositions se veulent de grande qualité, propre aux musées qui composent ce quartier, mais également accessibles ; ce n’est pas contradictoire.

Monde Économique Chaque musée garde sa spécificité ainsi que sa programmation. Serait-il envisageable à l’avenir d’avoir des projets transversaux communs aux 3 musées ?

Patrick Gyger : Les expositions d’ouverture du quartier ont tablé sur un projet transversal cet été, en l’occurrence sur la thématique ferroviaire, en hommage à l’histoire du quartier que nous occupons. Il y aura d’autres sujets communs, ou au moins des sujets déclinés sur plusieurs institutions, mais par forcément de cette ampleur. Il ne s’agit pas tant de parler d’une même voix que de créer un dialogue signifiant.

Monde Économique En complément aux trois musées, Plateforme 10, c’est aussi la réhabilitation des arcades, l’aménagement d’une voie de mobilité douce et l’ouverture de plusieurs lieux de restauration. Finalement, comment doit-on penser ce lieu de vie à ciel ouvert ?

Patrick Gyger : Comme un quartier, aussi convivial et accueillant que possible, et qui facilite au plus grand nombre l’accès à des propositions artistiques de qualité. Nous revendiquons le fait que le public vienne pour boire un verre et que l’atmosphère du lieu le pousse à une visite de musée… Il doit y avoir plusieurs points d’accès pour les publics diversifiés que nous souhaitons attirer.

Monde Économique Une des lectures qu’on peut avoir de ce projet inédit, n’est-il pas d’y voir en filigrane, la volonté des autorités du Canton de faire de ce site, un hub de la culture ?

Patrick Gyger : Si c’est un point nodal, un lieu de rayonnement généreux, qui laisse sa place à d’autres acteurs culturels, alors je partage cette volonté. Nous n’avons pas à accaparer les ressources et les publics, mais à être une porte d’entrée vers d’autres projets.

Monde Économique Certains acteurs culturels pensent que Plateforme 10 viendra réenchanter un secteur déjà en plein bouleversement. Qu’en pensez-vous ?

Patrick Gyger : Le réenchantement est une idée magnifique, bien sûr. Nous allons nous y atteler ; mais avant tout, nous allons tenter de questionner la place des musées dans la société aujourd’hui, et de ce fait, la place des projets artistiques dans notre environnement. Les bouleversements actuels sont nombreux, et les musées ne peuvent imaginer s’extraire du monde dans lequel ils évoluent.

Monde Économique Quels visiteurs pour la Plateforme 10 ?

Patrick Gyger : Tout d’abord le public local, au sens large : lausannois, vaudois, romand, suisse. C’est pour lui que Plateforme 10 existe avant tout. Evidemment, nous avons aussi vocation à être un moteur de visibilité et d’attractivité territoriales… Si nous pouvons contribuer à rendre la capitale vaudoise visible, à attirer des étrangers sur l’arc lémanique, ce sera un plus indéniable.

Série d’interviews réalisée en partenariat avec HARSCH HH

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