Interview de Garry Gürtler, Directeur Général d’IWG Suisse

Le Monde Economique : En moins de cinq ans, les grandes métropoles mondiales ont vu se développer une offre exponentielle d’espaces de bureaux alternatifs, avec près de 11’000 centres dans le monde et une croissance annuelle de 13 %. Comment analysez-vous ce boom ?

Garry Gürtler : Nous vivons cette évolution au plus près. Lorsque nous avons ouvert notre premier site en Suisse il y a 26 ans, nous étions l’un des premiers opérateurs de bureaux nomades et de coworking. Il y a cinq ans nous comptions 15 concurrents en Suisse, et aujourd’hui plus de 220. Le coworking est bel est bien établi.

Le Monde Economique : On le voit bien, c’est un nouveau secteur qui émerge en réponse à l’essor du nomadisme au travail. Cette « Flexible Revolution », est-elle, selon vous, un mouvement qui est en marche ou juste un effet de mode ?

Garry Gürtler : Le travail flexible est la  nouvelle norme, c’est la réponse aux besoins des entreprises et de leurs collaborateurs. Le coworking offre de nombreux avantages pour les deux parties, allant de la réduction des coûts à la satisfaction des employé-e-s ou encore à la réduction significative des temps de déplacement. Je perçois donc la Révolution flexible comme l’avenir du travail.

Le Monde Economique : Surfant sur cette demande croissante, de nombreux acteurs tels que vous, interviennent sur le marché et déclinent une offre d’espaces de travail adaptée et diversifiée. Comment se positionne IWG dans ce nouvel univers ?

Garry Gürtler : Avec nos différentes marques, dont Spaces et Regus en Suisse, nous offrons une large gamme de services : bureaux individuels, salles de réunion ou espaces de travail partagés. Grâce à notre formule de membre vous avez, au travers d’une seule adhésion, accès à 3300 dans le monde. Au final, où que vous soyez, vous disposez d’un environnement de travail accueillant et répondant à vos besoins du moment.

Le Monde Economique : Face à la « Flexible Revolution », on observe toutefois que les indépendants, les start-up et les PME demeurent plus séduites que les grands groupes. Qu’est-ce qui justifie cette réticence ?

Garry Gürtler : Les indépendants, les jeunes entreprises et les PME sont souvent plus flexibles et plus agiles dans leur choix. Toutefois, de plus en plus de grandes entreprises envisagent le télétravail, le travail nomade ou le coworking en tant que solutions pour le bien-être de leurs employés. De plus, nos clients des grands groupes commencent à considérer nos espaces comme des écosystèmes où leurs employés peuvent s’inspirer de la créativité et de l’audace des petits et moyens entrepreneurs. 

Le Monde Economique : Depuis cette année, IWG étend ses activités en Suisse en lançant un modèle de franchise pour le coworking. Comment cela s’articule-t-il ? Et pour les investisseurs qui souhaitent diversifier leur portefeuille, les taux de rentabilité sont-ils intéressants ?

Garry Gürtler : En lançant une offre de franchise autour des espaces de travail flexibles, Regus propose une aubaine rare dans le monde de la franchise. Elle donne la possibilité à des entrepreneurs ambitieux de se projeter sur un projet multisite dans un secteur promis à une croissance forte et durable. Grâce au soutien et à l’expertise d’un réseau qui compte déjà 46 sites en Suisse, la complexité opérationnelle et managériale est très faible ce qui permet au franchisé de se concentrer sur ses clients et ouvre un potentiel de rentabilité élevé.

Le Monde Economique : Alors que l’économie se dématérialise et que l’on peut travailler de n’importe où, une récente étude révèle que les salariés n’ont jamais accordé autant d’importance au lieu de travail qu’aujourd’hui. Le bureau, tel qu’on le conçoit est-il mort ?

Garry Gürtler : Le modèle du bureau traditionnel continuera à exister. La part des postes de travail flexibles couvriront entre 5 et 10 % du marché à court terme et la tendance ne va que s’accentuer à l’avenir. Ce que les entreprises cherchent de plus en plus est un mix de solutions fixe et flexible pour répondre aux besoins des entreprises et des employés. Et c’est là où IWG marque des points.