Esther Sancho Weber, un destin se dessine

11 juin 2025

Esther Sancho Weber, un destin se dessine

Photos © Perret Sanitaire

Dans une autre vie, Esther Sancho Weber aurait pu être sage-femme. Ou peut-être danseuse de flamenco. Voire artiste. Elle aurait vécu sur scène, au rythme des guitares et du martèlement des « taconeo ». Mais la vie en a décidé autrement, la menant vers une autre scène – celle de l’entreprise familiale, Perret Sanitaire SA – où elle a trouvé sa voie, bien que dans un registre très différent. Un parcours atypique, marqué par des choix audacieux, une résilience à toute épreuve et une quête constante d’équilibre entre performance et humanité.

Entre passion et audace

Le flamenco, Esther l’a dansé pendant plus de vingt ans. La scène, les guitares, l’improvisation… une passion dévorante qui a bien failli l’emporter vers une vie d’artiste. « J’ai même retardé mes grossesses pour la danse », confie-t-elle avec un sourire. Mais le destin avait d’autres plans. En 2009, elle rejoint Perret Sanitaire SA, l’entreprise que son père avait reprise en 2003. Un univers à mille lieues de ses aspirations premières, mais qui deviendra pourtant le théâtre de sa plus grande métamorphose.

Son arrivée dans l’entreprise familiale ne coule pas de source. Diplômée en sciences de l’éducation, Esther se destinait initialement au secteur social. « J’ai travaillé dans la réinsertion professionnelle et à aucun moment je me serais imaginée intégrer le domaine de la construction », raconte-t-elle. Pourtant, face à la croissance fulgurante de la société, elle relève le défi. Elle construit, pierre après pierre, son nouveau rôle : elle se forme, apprend, développe. Elle structure les ressources humaines dans une entreprise encore marquée par des pratiques « à l’ancienne ». Aux côtés de son frère Marcos Sancho, déjà présent depuis 2007, elle forme un duo solide à la tête de l’entreprise. En 2018, leur père, Francisco Sancho, se retire de l’opérationnel pour ne siéger qu’au conseil d’administration avec Esther et Marcos. La transition a duré près de dix ans. « C’est long, et c’est normal », souligne-t-elle. Aujourd’hui, Esther codirige l’entreprise avec son frère Marcos et un directeur technique, Sandro Speca. Un trio complémentaire, porté par des valeurs communes : rigueur, qualité du travail et respect des collaborateurs. « Une entreprise n’est pas une organisation sociale, mais elle a une responsabilité essentielle envers ceux qui la font vivre ».

Sa place, Esther ne l’a pas volée. Elle l’a gagnée, à force de travail, de remises en question, et d’un engagement constant. Elle reconnaît volontiers que cette légitimité, il a fallu la construire. « Pendant des années, j’ai eu l’impression de devoir faire mes preuves. Aujourd’hui, je sais ce que je vaux. » Sa vision de l’entreprise est profondément humaine. Elle croit en un modèle où la performance ne sacrifie pas le respect, où l’exigence peut cohabiter avec la bienveillance. Elle défend une éthique du lien, une fidélité à ses valeurs, et une forme de modestie face aux choses. Sa maxime ? « Rien n’est jamais acquis. »

Esther Sancho Weber est à l’image de ce qu’elle construit chaque jour : un subtil équilibre entre rigueur et passion, exigence et souplesse, enracinement et mouvement. Une femme forte, disent ses proches, mais aussi profondément à l’écoute. Une dirigeante, oui. Mais avant tout, une femme qui avance sans jamais perdre son cap, ni sa lumière. Ce qu’elle souhaite laisser derrière elle ? L’image d’une femme engagée et profondément humaine. Une dirigeante rare, qui danse encore, sans musique, sur la corde raide du leadership moderne.

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