Autour de l’illusion d’une croissance infinie

21 mars 2021

Autour de l’illusion d’une croissance infinie

Depuis des années, les banques centrales représentent de véritables poids lourds sur les marchés boursiers. La crise européenne de 2010, précédée de la faillite de Lehman Brothers et de la crise des subprimes de 2008, a largement favorisé l’hégémonie des banques dans le système boursier. Ce sont elles qui guident aujourd’hui les investisseurs dans certaines de leurs décisions. La suprématie des banques centrales entraîne à des questionnements. Par exemple, l’on se demande si ces institutions ne seraient pas finalement devenues les gardiennes du système financier, ce qui explique cette hausse permanente de la croissance. Cela dit, en réalité, cette croissance est une illusion.

Les banques centrales et la préservation de l’équilibre financier 

Sur les dix dernières années, l’on remarque une hausse constante. Avec le temps, acheter des actions et rentabiliser ses investissements sont devenues une routine. Cependant, cette puissante vague haussière n’a pas été salutaire pour tout le monde. La preuve, les permabears se sont tout simplement fait écraser.

Sur presque toute la surface du globe, les banques centrales ont mis en place une politique très avantageuse. Pour soutenir le marché par exemple, différents rachats sont effectués et l’on peut noter un peu partout une augmentation exponentielle des liquidités en circulation. Bien sûr, cela avantage le système et l’on ne peut qu’en être ravi.

Aujourd’hui, les acteurs du marché financier n’ont plus trop d’inquiétudes à se faire en ce qui concerne la sécurité de leurs capitaux. Grâce au Too Big to Fail, ils peuvent compter sur la bienveillance des banques centrales pour empêcher de nouveaux événements sombres comme la crise financière de Lehman Brothers de se reproduire. Au pire, le gouvernement procèdera à une nationalisation pour empêcher la faillite.

Favorisé par les banques centrales, ce climat de quiétude qui règne sur le marché financier n’a fait que conduire à une augmentation des cours. Dès que le besoin se faisait ressentir, les banques centrales se chargeaient d’injecter massivement de la liquidité pour remettre en marche le moteur économique. Mais tout a une fin et le système financier ne tardera pas à s’en rendre compte.

La confiance : une base ébranlée

Le marché financier actuel ressemble à s’y méprendre à un système de patriarcat dans lequel les banques centrales représentent le « Père rassurant et protecteur ». Sans nous en rendre compte, nous vivions dans un monde où l’intervention des banques centrales et les achats ont totalement corrompu le système de l’offre et de la demande. Un jeu au sein duquel trônaient l’illusion et la corruption.

Aujourd’hui, le voile tombe. Les banques centrales n’arrivent plus à suivre la partie qu’elles ont elles-mêmes entamée. N’étant plus très loin du taux zéro, nos chères banques se retrouvent de plus en plus privées d’options. Elles ne semblent plus être en mesure de garantir la sécurité financière des investisseurs habitués à avoir facilement gain de cause. Disons qu’il ne reste qu’une balle dans leur revolver.

Ironie du sort, elles ne peuvent plus faire augmenter les taux de peur que leurs « protégés » ne se rebellent face à cette fin progressive de l’âge d’or financier. Les banques centrales se retrouvent piégées dans la toile qu’elles ont tissée.

Et si l’on ne pouvait plus faire confiance aux banques centrales ?

Le marché boursier repose essentiellement sur la confiance. Les investisseurs ont été habitués à un marché optimiste en perpétuelle hausse où même une entreprise au bord de la faillite avait une chance de s’en sortir indemne. Mais le phénomène se transforme peu à peu en une irrationalité du grand nombre. C’est exactement comme avec la bulle internet en 2000, la contamination ne cesse de s’étendre. Cependant, un marché en baisse progressive semble encore plus irrationnel.

Le chaos prend ainsi progressivement racine dans un monde jadis tranquille. Et toutes les entreprises sont concernées. Malheureusement, le système attendra l’intervention des banques centrales comme on le lui a enseigné. Vu qu’elles se sont proclamées « gardiennes » du système, les banques interviendront par obligeance. Le problème, c’est que si ces institutions ne sont plus à la hauteur des attentes, la situation engendrera un effet de panique du fait de l’amplification de la chute boursière. Dans le même temps, si l’inflation s’y met, qu’en sera-t-il ?

Étrangement, le marché financier actuel n’a pas connu l’inflation malgré les injections excessives de capitaux dans le système. Enfin, c’est ce que tout le monde pense. En réalité, l’inflation est bien là. Elle est absorbée par les marchés financiers, mais demeure présente. Contrairement aux événements des années 2000, la bulle à laquelle nous avons affaire ici tend à se généraliser à plusieurs secteurs.

La plupart des acteurs du système ont pactisé avec les banques centrales en profitant de la décennie fructueuse pour toute sorte d’excès financier. Malheureusement, tout le monde devra chèrement payer cette illusion créée par l’infinie croissance des marchés financiers.

Les banques centrales ne semblent plus avoir beaucoup de marges de manœuvre. Mais elles tiennent à faire perdurer cette illusion de croissance infinie qui représente le symbole de leur puissance sur le marché. Et si le voile tombe ? Et si la vérité éclate au grand jour ? Le chaos financier ne tardera pas à s’installer. Combien de temps cela prendrait-il ? Une semaine ? Un mois ? Cette décennie haussière sera anéantie en un temps record. À ce moment, combien survivront à cette nouvelle ère ? L’avenir nous le dira.

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