Co-initiateur du Forum PME/KMU, plateforme pour la rencontre de patrons et cadres romands et alémaniques, je m’adresse volontiers à des entrepreneurs actifs des deux côtés de la Sarine, afin de faire profiter le Forum de leur expérience. L’un d’eux, Jerry Krattiger, est Président et co-fondateur de SOLVIS SA, une entreprise de service informatique spécialisée dans la sécurité informatique qui a son siège à Bâle et un bureau à Lausanne. „Quelles sont les raisons pour lesquelles des entreprises se mettent à collaborer?“, ai-je demandé à M. Krattiger.

„Au cœur de la collaboration, m’a -t-il dit, se trouve toujours l’idée d’une fédération des ressources qui permet d’achever plus que si une organisation décide de faire cavalier seul. On collabore soit pour pénétrer des nouveaux marchés, pour augmenter sa visibilité, pour partager des ressources, et, but important, pour innover.“

Point intéressant, souligné par mon interlocuteur: la bourse est plus réceptive aux annonces d’alliances stratégiques que de fusions, car les alliances stratégiques et autres partenariats permettent de panacher des actifs et des compétences sans avoir à en payer le prix de l’acquisition. „Ce genre de structures peuvent aussi présager une intégration plus forte à l’avenir, mais permettent aux deux parties de faire machine arrière si elles le désirent.“

Or, dans bon nombre de cas, ces nouveaux alliés sont en même temps vos compétiteurs! „Dans certains cas collaborer avec ses propres compétiteurs peut être une approche pertinente et efficace, répond Krattiger. Mais comme dans toute stratégie, il est absolument critique de savoir précisément ce que l’on attend d’une alliance et quels en sont les objectifs stratégiques.“

Concrètement, comment l’idée de la collaboration est mise en application dans une entreprise telle que SOLVIS ?

„SOLVIS, précise Jerry Krattiger, est un spécialiste de la gestion des identités et des accès, de l’automatisation des processus, et de la sécurisation de l’infrastructure informatique, par exemple chiffrement des données, audit sécuritaire, cartes à puce, certificats digitaux. De plus, SOLVIS offre un nombre de solutions basées dans le cloud, particulièrement attractives pour les PME. Nos clients sont principalement actifs dans la pharma, le secteur financier, en particulier les banques privées de la place de Genève, la logistique, le commerce de détail, les organisations gouvernementales et les ONG. »

Dans cette chaine de la valeur très complexe, comment navigue SOLVIS ?

Notre stratégie technologique repose principalement sur une architecture et des technologies Microsoft. Nous avons défini un nombre restreint de partenariats technologiques sur lesquels nous nous appuyons et dont nous revendons la technologie sur le marché suisse. En tout il s’agit de 5 éditeurs différents qui nous permettent d’offrir des solutions pointues à nos clients.“

„En fait, continue Krattiger, nous favorisons des partenariats qui s’inscrivent dans la durée. Nos partenaires nous qualifient de très loyaux et nous trouvent particulièrement intéressant de par le fait que SOLVIS couvre la majeure partie du territoire national avec une présence dans les deux régions linguistiques principales de la Suisse. Ceci est particulièrement attractif pour nos partenaires qui sont à l’étranger car nous avons les compétences linguistiques et techniques pour couvrir l’ensemble du marché suisse, y compris le Tessin. Ces entreprises collaborent avec nous pour pénétrer des nouveaux marchés et accéder à notre base de clients.“

„Argument intéressant, dis-je, déjà présenté dans ces colonnes par Daniel Fournier, du groupe du même nom actif dans l’aménagement de l’intérieur, que celui de l’attractivité, pour des donneurs d’ordres étrangers, d’entreprises suisses offrant une approche tout territoire. Le Forum PME/KMU se donne pour tâche de faciliter cette approche.“

L’entreprise SOLVIS ne fait pas seulement le pont entre les régions helvétiques, mais aussi entre la science et les PME. „Nous avons mis sur pied des collaborations et des relations privilégiées avec certaines hautes écoles (en particulier la HEIG-VD à Yverdon et la Fachhochschule de Lucerne), me dit Jerry Krattiger, ce qui nous permet de recruter plus facilement et d’accéder à des ressources d’excellente qualité. Ce type de collaboration nous permet d’augmenter notre visibilité et notre niveau de réputation.“

„Il arrive parfois que certains projets sont trop conséquents et nous ne pouvons avec nos propres ressources répondre à ce genre de demande. Ceci qui nous pousse à collaborer avec d’autres entreprises de même taille avec parfois des profils de compétences quelque peu différent. Certaines d’entre elles sont des compétiteurs directs mais cela nous permet de défier les tout gros cabinets de conseil et nous permet de conserver au moins une partie du volume d’affaires. Ce genre de collaboration permet de partager des ressources et d’accéder à des centres de compétences qui autrement nous resteraient inaccessibles.“

Et voici le conseil final de Jerry Krattiger: „Dans toute collaboration, il est crucial de garder à l’esprit ses propres intérêts en tant qu’entreprise.“

Dr. Peter Köppel, Consultant pour le magazine Le Monde Economique et Président du conseil d’administration de Köppel+Partner