Comment faire cohabiter les religions en entreprise ?

9 décembre 2013

Comment faire cohabiter les religions en entreprise ?

La religion est un domaine relativement sensible car chaque individu a une approche de celle-ci qui lui est propre et chacun réagit selon ses croyances et sa sensibilité en cas de débat. En Suisse, on est amené à côtoyer des personnes venant de toutes les régions du monde, de confessions différentes, que ce soit en société ou dans un milieu professionel.

En France, suite au licenciement de l’employée d’une crèche qui ne voulait pas retirer son voile, (licenciement annulé par la cour de cassation), François Hollande a estimé qu’une loi devait intervenir pour garantir la neutralité religieuse dans les structiures accueillant des enfants et l’idée d’un projet de loi sur la neutralité religieuse a par ailleurs fait débat au sein même de la majorité.

La religion fait aujourd’hui souvent la Une des journaux et les votations relatives aux confessions sont très controversées, que ce soit dans l’Union Européenne ou en Suisse. Nous trouvons même des livres expliquant aux entrepreneurs ce que telle ou telle religion préconise, ce qu’il faut faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire selon que la personne soit d’une religion ou d’une autre afin d’éviter de commettre des impairs. L’on se rend compte qu’il n’est pas facile de gérer tout cela.

La religion dans le cadre du travail n’est pas encore un problème, mais elle devrait prendre de l’importance dans le futur selon les prévisions des Ressources Humaines. Un grand nombre d’entreprises commencent à s’y intéresser afin de prévenir toutes questions relatives à ce sujet. Les jours fériés officiels ont souvent des origines chrétiennes et l’on se demande aujourd’hui s’ils ne devraient pas être redistribués aux employés afin qu’ils puissent les utiliser à leur convenance. Certaines multinationales éditent des ouvrages destinés à leurs cadres afin de pouvoir les guider dans la gestion de personnes religieuses.

Certaines religions requièrent des prières plusieurs fois par jour, or, lorsque l’on travaille en Occident, on n’a pas de temps de prière prévu dans le temps de travail. Certaines entreprises ont mis en place des salles spéciales pour la prière ou autorisent ceux qui le désirent à utiliser une salle de repos. Pour certains pratiquants, la prière offre une réelle pause dans la journée de travail et leur permet de se ressourcer, comme d’autres personnes prendraient dix minutes pour faire une turbosieste.

On ne se débarasse pas de ses particularités en arrivant sur son lieu de travail même si on n’y affiche pas sa religion. Tous doivent aujourd’hui faire des compromis, l’employeur en permettant à ceux qui le désirent de pratiquer leur religion à condition que cela n’entrave pas le travail et l’employé en montrant un peu de flexibilité afin d’accomplir le travail demandé dans les délais impartis. La communication est un moyen pour éviter qu’une situation ne s’envenime. Parler ensemble, simplement, librement et faire fi des préjugés permet de connaître le point de vue de chacun et de donner ainsi plus de libertés, tout en gardant le contrôle.

Et puis, il faut aussi savoir relativiser… qu’une personne fasse deux prières durant une journée de travail, ça ne vaut même pas la moitié du temps pris par les douze fumeurs de la boite qui sortent toutes les heures pendant cinq minutes…

A méditer ?!

Romain Wanner - Rédacteur pour le magazine Le Monde EconomiqueRomain Wanner/ Rédacteur pour le magazine Le Monde Economique

 

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