Comment faire du développement durable sans porter atteinte à la croissance ?

3 décembre 2012

Comment faire du développement durable sans porter atteinte à la croissance ?

La crise économique a marginalisé les questions du climat et du développement durable. La récente élection présidentielle en France a par exemple exposé la difficulté de faire se croiser des questions économiques, liés aux angoisses de la crise et de l’austérité, et des questions écologiques apparaissant comme secondaires. Pourtant, ces questions semblent devoir être de plus en plus liées à l’économie. Depuis plus de vingt ans (le 9 mai 1992), la question du climat figure dans l’agenda diplomatique mondial. Mais les protocoles et les sommets se sont succédés sans véritablement que se profile une ligne directrice en faveur du climat.

En matière d’énergie, une théorie veut qu’il faut laisser faire le marché. Ce dernier s’autorégulera, et à la disparition inévitable des réserves de pétrole succèderont les énergies renouvelables. Or, qui dit que producteurs et consommateurs ne se tourneront pas vers des énergies encore plus polluantes, par exemple le gaz et le charbon ?

En réalité, les pouvoirs publics doivent agir dès maintenant et proposer des mesures, accompagner par des subventions les entrepreneurs qui souhaitent s’investir dans les secteurs verts, afin d’ores et déjà de préparer la mutation vers une économie verte. Cette économie aura un triple avantage :

  1. un impact moindre sur le climat car moins dépendante des énergies fossiles.
  2. elle permettra de créer des emplois. Le secteur crucial en terme d’emplois verts est le logement, ces derniers consommant près de la moitié de l’énergie totale consommée d’un Etat.
  3. consommant moins d’énergie, les logements coûteront aussi moins chers, ce qui, dans des temps économiques troublés, ne sera pas un moindre mal.

Un manque certain de professionnels

Le chantier du logement pourrait ne pas être le seul à profiter de cette vague verte. Assurer la préservation de l’environnement par les énergies renouvelables, tabler sur le reboisement de certaines parcelles, la protection des forêts, la qualité des ressources d’eau et la dépollution de sites industriels, la gestion des déchets, élargir les champs de l’agriculture biologique (en net progrès) ou favoriser l’automobile électrique, les chantiers sont nombreux qui peuvent permettre, à coup sûr, de générer de l’emploi, et par conséquent de préserver la croissance. Le seul obstacle c’est la question de la formation. Tous ces nouveaux métiers, notamment dans le secteur du bâtiment, devront être sérieusement encadrés par des programmes de formation, difficiles à mettre en œuvre parce qu’on bute encore sur des questions pratiques (comment assurer concrètement ces formations ? Comment trouver des financements ?). La mutation vers une économie verte du XXIème siècle s’obtiendra uniquement à ce prix.

Bien entendu, plus qu’une question pratique de formation, c’est d’abord une question d’esprit et d’innovation. L’économie verte n’est pas seulement un fantasme de bobo-écolo, c’est une réalité. En Allemagne, pionnière en la matière, 300000 emplois ont été créés au sein de l’économie verte, et la première puissance économique européenne en récolte déjà les fruits.

Faustin Rollinat – Rédacteur pour le magazine Le Monde Economique

 

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