Comment rendre les villes durables rentables ?

27 mars 2012

Comment rendre les villes durables rentables ?

Le rêve d’une « ville intelligente » n’est plus si lointain : basée sur une plus grande interaction entre les communautés et sur des réseaux solides d’information et de communication, mais aussi de transports et de production, la ville de demain se réinvente face aux prises de conscience multiples concernant l’épuisement de nos ressources d’eau, d’énergie ou d’air en parallèle d’une population croissante.

Plusieurs villes, comme Breda aux Pays-Bas ou de grands centres allemands, se sont déjà positionnées en modèles de villes durables : des développements urbains anticipant les besoins futurs de leurs habitants et les modèles de consommation et d’expansion qui permettront non seulement une vie confortable pour le plus grand nombre, mais aussi une rentabilité sur le long terme.

De plus en plus, les villes sont pensées comme des éléments financiers : elles attirent ou non les investisseurs, les entreprises ; elles génèrent des gains d’énergie qu’elles monétisent, elles créent des systèmes de transport plus efficaces qui à leur tour influencent le choix des résidents potentiels… en bref, les villes deviendront bientôt des biens de consommation (presque) comme les autres, devant s’appuyer sur de bons arguments de vente pour persuader leurs ‘partenaires’, économiques ou résidentiels, de venir s’y installer.

Néanmoins, avant de parvenir à cette réalité faite de plus grands échanges entre communautés, entre la sphère publique et la sphère privée, les villes devront investir dans leurs infrastructures pour atteindre un modèle durable, tout en restant compétitives. Le renouvellement urbain, terme utilisé par toutes les collectivités conscientes du défi premier de la durabilité, ne pourra se faire qu’à grands frais. En effet, une étude récente de la division des services financiers de Siemens a évalué les dépenses d’investissement des villes qui se voudront durables et performantes d’ici à 2020. Les montants s’élèvent à 413 milliards d’euros pour la France, ou à 439 milliards d’euros pour l’Allemagne, pour développement de l’infrastructure et des services urbains.

L’addition est salée, et il est de plus en plus évident que, tout comme de nouveaux acteurs entrent en jeu dans les services publics des villes comme les opérateurs d’énergie ou de transports, de nouveaux partenaires financiers seront indispensables au développement durable et rentable des villes.

Le rapport d’étude de Siemens Financial Services insiste sur la nécessité d’une coopération accrue entre le secteur public et le financement privé pour pouvoir réaliser ces investissements et mettre en place des méthodes de financement abordables, durables et transparentes. Il s’agit, pour les villes, d’investir dans leur avantage compétitif, à plus forte raison lorsque les entreprises du secteur privé compareront les services urbains de plusieurs agglomérations avant de décider de s’y installer. Cela influera à son tour sur les revenus d’impôts locaux, la solidité des économies urbaines, la disponibilité de l’emploi et le dynamisme économique global de ces agglomérations.

Le secteur privé a donc tout intérêt à s’engager dans le financement de ces villes durables, et ce le plus tôt possible. Dans le développement des modes de consommation, des modes de vie et de travail, les acteurs privés qui se posent en partenaires des villes de demain pourront non seulement bénéficier de systèmes de financement alternatifs comme les hypothèques, le financement d’actifs ou la titrisation, mais aussi des résultats économiques que ces nouveaux centres produiront.

Avant 2020, la ville durable a le luxe de pouvoir encore se développer au fil des idées et expériences des urbanistes, certes, mais le secteur privé peut y laisser son empreinte dès aujourd’hui.

A. Louette – Rédactrice chez Le Monde Economique

 

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