Concilier développement durable et compétitivité économique. Par Basile Golaz

14 avril 2012

Concilier développement durable et compétitivité économique. Par Basile Golaz

Il existe des outils pragmatiques encore peu connus ou trop peu utilisés par les acteurs économiques permettant d’améliorer la compétitivité économique tout en protégeant l’environnement, dans la lignée des technologies propres « Cleantech ». L’écologie industrielle en est un exemple, cette discipline scientifique enseignée dans nos universités et à l’EPFL commence à peine à être appliquée en Suisse par les entreprises.

L’idée consiste à s’inspirer des cycles naturels et des écosystèmes observés dans la nature pour les appliquer à la gestion des ressources et des déchets dans la société et les industries en favorisant les flux de matière et d’énergie entre les différentes entreprises et secteurs économiques.

Ainsi, les déchets ou la chaleur produite par un acteur économique peuvent souvent devenir la matière première ou l’énergie d’un autre à l’échelle locale et avec des traitements intermédiaires réduits au minimum. À l’heure du renchérissement des matières premières et des transports, une telle optimisation de l’usage des ressources et de l’énergie peut permettre de réduire les coûts de manière importante.

Cette démarche est d’autant plus importante que beaucoup de ressources vitales et coûteuses pour notre économie existent en quantités limitées et ne sont pas renouvelables comme les métaux, la plupart des matériaux de construction ainsi que de nombreux produits chimiques. Ce domaine de l’efficacité matérielle est donc tout aussi important, et nécessite autant d’efforts, que le domaine de l’efficacité énergétique auquel nous sommes déjà sensibilisés.

Il y a quelques projets pilotes en cours en Suisse romande comme le projet « Echo » en Valais, dans la région de Sierre, pour la création d’une agglomération éco-industrielle en collaboration avec les entreprises optimisant : gestion de l’énergie, mobilité et déchets. Ou encore le projet « Ecomat » à Genève dans le domaine de la construction pour éviter au maximum la mise en décharge de matériaux de construction et de déchets de chantier valorisables.

L’avantage de l’écologie industrielle est qu’elle ne nécessite pas ou peu d’investissements, pas plus que de régulations limitant la marge de manœuvre des entreprises. Le rôle des collectivités publiques se limite ici à initier des projets qui seront ensuite gérés par les entreprises elles-mêmes, car elles ont tout à y gagner en terme de compétitivité. L’enjeu à venir est donc surtout d’informer les acteurs économiques sur les possibilités offertes par les outils de l’écologie industrielle et de les faire se rencontrer pour sceller des partenariats profitables à tous dans la gestion et l’échange de ressources ou la mutualisation des services qui y sont associés.

Le milieu politique pourrait encourager le développement de bonnes pratiques basées sur l’écologie industrielle pour l’ensemble du territoire suisse en inscrivant ses principes dans la législation, suivant l’exemple du canton de Genève qui l’a déjà fait. Le dernier postulat dans ce sens au Conseil national a malheureusement été rejeté il y a tout juste une année par une majorité de parlementaires malgré le soutien du Conseil fédéral dans la continuité du Masterplan Cleantech.

Basile Golaz collabore avec Le MONDE ECONOMIQUE en qualité d’expert sur des thématiques liées à l’ingénierie et au Cleantech

 

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