De l’énergie à partir de fumier et de lisier: succès du projet biogaz

26 mai 2012

De l’énergie à partir de fumier et de lisier: succès du projet biogaz

L’agriculture suisse génère chaque année plus de 20 millions de tonnes de fumier et de lisier, ainsi que d’autres déchets organiques et résidus de récoltes qui peuvent servir de matière première pour la production de biogaz.

Lancé en 2005 par Coop et SuisseEnergie, le projet de partenariat public-privé (PPP) «Naturafarm_Biogaz50» avait pour objectif de valoriser ce potentiel dans les exploitations Naturafarm de Coop et dans les fermes bio de ses fournisseurs. Onze installations de biogaz ont ainsi vu le jour. Leur production énergétique actuelle suffit à approvisionner en électricité quelque 1800 ménages et à fournir de la chaleur à 1000 ménages.

Le bilan du projet «Naturafarm_Biogaz50» est impressionnant: les onze installations qui ont été réalisées produisent environ 6400 MWh d’électricité par année. Pour produire la même quantité de courant, il faudrait une installation photovoltaïque d’une superficie de 53 700 m2, soit l’équivalent de onze terrains de football. Grâce à leur production thermique de 5700 MWh, les onze installations économisent par ailleurs chaque année 578 000 litres d’huile de chauffage ou 1500 tonnes de CO2.

C’est par le truchement de son Fonds pour le développement durable que Coop a octroyé, au titre de contribution aux coûts d’investissement, un montant à hauteur de 200 000 francs pour chaque installation, soit quelque 1,2 million de francs au total. SuisseEnergie a alloué en tout 72 300 francs pour des services de consultation. Au total, les montants alloués par Coop et SuisseEnergie ont permis de déclencher des investissements de quelque 10,5 millions de francs. Un comité de pilotage composé de représentants de Coop et des Offices fédéraux de l’énergie (OFEN) et de l’agriculture (OFAG) a assuré le suivi du projet. L’association Biomasse Suisse s’est occupée de la coordination du projet tout en assistant de ses conseils les paysans partenaires.

Rapport final: enseignements tirés

La base de cette collaboration entre Coop et SuisseEnergie est une étude de 2005, annonçant qu’une cinquantaine d’exploitations Naturafarm se prêteraient bien à la réalisation d’une installation de biogaz. D’où le souhait de Coop d’investir dans la promotion de cinquante de ces installations jusqu’en 2010. Présenté en avril 2012, le rapport final du projet fournit, d’une part, des informations sur les installations encouragées; d’autre part, il fait aussi état des difficultés et des enseignements tirés de l’expérience. On apprend notamment que pendant toute la durée du projet, l’association Biomasse Suisse a maintenu des contacts avec 71 agriculteurs. 45 paysans ont fini par soumettre une proposition et 19 ont satisfait aux critères exigés. Huit agriculteurs ont, pour des raisons diverses, renoncé à leur projet avant sa concrétisation. Reste ainsi la construction de onze installations.

Le rapport final a identifié comme suit les principales difficultés ayant empêché la réalisation des objectifs quantitatifs visés:

  • L’objectif d’encourager 50 installations s’est révélé trop ambitieux.
  • En dépit de la rétribution à prix coûtant du courant injecté (RPC), une exploitation rentable des installations n’est possible que dans des conditions optimales. Les contributions RPC (entre 28 et 48 ct./kWh) sont indispensables pour un fonctionnement économique des installations.
  • Les coûts d’investissement requis pour des installations de biogaz interentreprises modernes se situent entre 1 et 2 millions de francs; le financement est souvent difficile.
  • Le soutien de 50 000 francs initialement accordé par Coop (montant relevé à 200 000 francs en 2008) a constitué une incitation trop faible pour les agriculteurs intéressés.
  • La réalisation d’une installation de biogaz est complexe et prend du temps en raison des procédures d’autorisation prolongées. Des années peuvent s’écouler entre la conception du projet et la mise en service de l’installation.

Perspectives

La collaboration dans ce projet PPP ayant été fructueuse, SuisseEnergie et Coop restent ouverts à d’autres projets communs. Coop souhaiterait cibler les ressources prélevées sur son Fonds pour le développement durable plutôt sur des mesures individuelles à concrétisation rapide que sur de grands projets à long terme. Coop continue ainsi de prédire pour l’agriculture d’importants potentiels dans le domaine de l’efficacité énergétique et des mesures de protection du climat. De premiers pourparlers en vue d’une collaboration entre Coop, SuisseEnergie et AgroCleanTech ont d’ores et déjà été entamés.

 

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