DES FOOTBALLERS, DES FONDATEURS ET D’AUTRES CHOSES ENCORE

10 juillet 2018

DES FOOTBALLERS, DES FONDATEURS  ET  D’AUTRES CHOSES ENCORE

Les startups sont-elles toujours ces dream- teams que tout le monde admire ?

Aujourd’hui, la fascination des startups est partout. L’élan de fraîcheur que donnent ces entreprises désignées par la traduction française – non sans une certaine tendresse – comme « jeunes pousses », l’antithèse qu’elles semblent constituer tant face aux structures de vieux type qu’à l’omnipotence des multinationales, nous permettent de croire à un monde « qui bouge » et à l’émergence d’un nouveau modèle économique, plus motivant, plus inspirant – et oui ! – et plus juste.

En France, Emmanuel Macron dit rêver d’une « startup nation ». De l’autre côté de l’océan, les géants du Net, affichent fièrement leur côté « jeunes pousses » qu’ils revendiquent même aujourd’hui quand leurs recettes s’élèvent à des milliards et qu’ils emploient des milliers de gens partout au monde.

Bref portrait de la startup comme équipe de foot.

Oui, les startups de la Silicon Valley restent l’idéal et le modèle à suivre ; ce sont elles qui, une quinzaine d’années plus tôt, avaient donné le ton et annoncé la couleur. Le monde entier admire leurs fondateurs – les Zuckerberg, les Page et Brin, les Elon Musk et Jeff Bezos – qui semblent innover en s’amusant et dont chaque coup de tête est un coup de génie.

Et dont les coups de gueule ne passent inaperçus…

En cet été de Mondial de foot et de passions sportives, la comparaison s’impose d’elle-même – les grands maîtres de la Toile sont comme les « dieux » du stade – jeunes, au contrôle de tout, souvent très fair play. Mais pas toujours, parfois même – un brin arrogants… Avec les fondateurs et leurs équipes, comme avec les footballeurs, le succès paraît facile, aisé et souriant, ayant l’air d’être accessible et à la portée de tous. Comme les équipes de foot les plus en vue encore, les startups mondialement reconnues – Facebook, Tesla, Amazon et autres – sont des dream- teams dont rien ni personne ne paraît pouvoir stopper l’élan.

Une adhésion totale et inconditionnelle au fondateur &CEO.

On a déjà dit que même des entreprises GAFA revendiquent l’esprit startup alors qu’aujourd’hui elles gagnent des milliards et qu’elles existent au moins depuis dix ans. Qu’est-ce qui caractériserait alors cet esprit de « starter » dont on se réclame tant ? Et qu’est-ce qu’il cache ?

L’essentiel, comme il paraît, c’est bien le culte des débuts. Ceux-ci sont vénérés sous toutes leurs formes et tout ce qui a rapport aux bases et à la fondation devient objet d’admiration accrue. Le fondateur lui-même revêt une sorte de charisme que ne possèdent pas d’autres responsables. D’où la confiance sans bornes que lui vouent ses partenaires – depuis ses aides plus simples jusqu’aux actionnaires.

Mais d’où aussi le risque accru d’abus et de dérive. Car le fondateur &CEO auquel s’identifie toute une startup peut vite connaître l’attrait du pouvoir et le tic autoritaire. Mainmise sur l’entreprise, style directif, colères olympiennes et même des abus (avec Facebook divulguant les données de millions de « friends » et Theranos trichant avec des promesses de solutions- « miracles ») – voici ce dont s’illustrent, entre autres, les « Grands » du Net, ces dernières années.

Comment éliminer les comportements déviants ?

A l’instar de leurs grandes « sœurs », nombre de petites startups, reproduisent le même modèle, parfois la même dérive – celle de déléguer au fondateur &CEO des prérogatives absolues et de croire aveuglément à la nature quasi-providentielle de chacune de ses décisions. Cela peut être une grave faute : souvent le fondateur, aussi génial et visionnaire qu’il soit, peut manquer de qualités de CEO. Combinée à la tentation de voir la startup évoluer comme son œuvre à lui – une sorte de propriété privée – sa gestion incompétente peut mener tout droit au mur.

Il est donc essentiel que les créateurs sachent reconnaître leurs limites et, là où il le faut – observer un non- cumul de fonctions. En dissociant les fondateurs qu’ils sont des piètres chefs qu’ils risquent d’être, ils feront preuve d’un bon sens qui chassera de la startup tout ce qui ferait d’elle une sorte de secte charismatique, adoratrice d’un chef unique.

Bien sûr, il faut veiller à ce que le CEO qu’on se choisit soit « compatible » – comme style de diriger et même comme caractère – avec le fondateur de la startup. Celui-ci reste, malgré et contre tout, la figure de proue. Le chef de l’entreprise.

Son capitaine d’équipe.

 

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