Faut-il désormais se préparer à une inflation élevée à long terme?

2 décembre 2021

Faut-il désormais se préparer à une inflation élevée à long terme?

Photo Nikolaj Schmidt © T. Rowe Price

Par Nikolaj Schmidt, Chief International Economist chez T. Rowe Price

Lors de son discours devant la commission sénatoriale des banques, du logement et des affaires urbaines, Jerome Powell, président du Federal Market Open Committee (FOMC), a déclaré qu’il était temps d’abandonner le terme « temporaire » dans les discussions sur l’inflation. Les pressions inflationnistes seraient-elles selon Powel permanentes ?

Pas tout à fait. Powell a déclaré qu’il y avait une grande confusion quant à la signification du terme « transitoire ». Pour la plupart des gens, « transitoire » fait référence à un intervalle de temps, mais dans le langage des banques centrales, « transitoire » signifie quelque chose qui n’a pas d’impact permanent sur le processus d’inflation, c’est-à-dire qui ne nécessite pas de réaction de politique monétaire. Selon Powell, il convient de supprimer le terme « transitoire » afin d’améliorer la communication entre la Réserve fédérale et le grand public.

Pour un économiste externe, la mauvaise communication associée au terme « transitoire » a atteint un point où le grand public perd confiance en la Fed.

En ce qui concerne la politique monétaire, Powell a reconnu qu’il serait selon lui approprié que le FOMC discute lors de sa prochaine réunion de l’opportunité d’accélérer le processus de tapering. Powell s’est exprimé dans un contexte où l’inquiétude était grande quant aux conséquences économiques de l’épidémie Omicron.

Je pense que de nombreux acteurs du marché s’attendaient à ce que la communication de Powell soit plutôt « dovish », étant donné les inquiétudes suscitées par le virus – mais cela n’a pas été le cas lors de sa déclaration de mardi. Au contraire, Powell a reconnu que la Fed avait été globalement trop optimiste dans ses prévisions d’inflation. Le problème des prévisions était lié aux difficultés d’appréhender une distorsion très inhabituelle du côté de l’offre de l’économie, due à la pandémie.

Selon moi, la déclaration de Powell mardi était plus agressive que ce que le marché avait prévu. Les observateurs ont clairement pu constater que le président n’était pas tout à fait à l’aise avec le processus d’inflation, et il a laissé l’impression que le FOMC allait prochainement prendre un virage un peu plus agressif. Le président n’était toutefois pas engagé : les futures réflexions du FOMC dépendront d’informations supplémentaires sur l’épidémie Omicron. Si ces informations s’avèrent inquiétantes, le FOMC réagira de manière appropriée. Il faut admettre que la barre est placée extraordinairement haut pour un ralentissement du programme de tapering actuel ou pour la mise à disposition de stimuli supplémentaires.

Un resserrement supplémentaire de la politique monétaire dans un contexte incertain d’épidémie d’Omicron constitue un défi pour les marchés financiers. Il est très probable que l’Omicron ait quelques effets négatifs sur la croissance. Les déclarations de Powell mardi ont permis d’indiquer que la Fed n’est pas encline, à ce stade, à prendre des mesures monétaires supplémentaires pour maintenir des conditions financières accommodantes.

Une attitude plus restrictive de la Fed dans le contexte d’une croissance plus lente devrait entraîner un aplatissement de la courbe des rendements américains. Cet aplatissement de la courbe des rendements continuera à soutenir le dollar américain et à accroître la volatilité du marché des actions. Au fil du temps, ces facteurs entraîneront probablement un durcissement des conditions financières. Ce durcissement deviendra à son tour un frein à la croissance mondiale. Dans un contexte où la Réserve fédérale américaine semble un peu plus offensive, nous espérons des nouvelles positives concernant la transmissibilité et la gravité du virus Omicron.

Retrouvez l’ensemble de articles Economie

 

Recommandé pour vous