L’économie suisse prise dans la tourmente

10 juin 2012

L’économie suisse  prise dans la tourmente

La crise de l’euro se poursuit. L’incertitude de taille qui prévaut affecte de plus en plus la consommation et les investissements dans l’ensemble de l’Europe, même la locomotive conjoncturelle européenne qu’est l’Allemagne est touchée. Franc fort oblige, l’économie suisse se trouve toujours dans une phase de transformation, où les entreprises luttent pour leur compétitivité.

Dans ces conditions difficiles, elle s’en sort bien, c’est réjouissant. Au total, l’organisation faî-tière de l’économie, economiesuisse, table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,9 % en 2012 et de 0,8 % en 2013. Les taux de chômage resteront relativement bas et l’évolution des prix sera presque nulle.

La crise de l’euro pèse sur les exportations

L’économie suisse se trouve face à des défis. En raison du franc fort, de nombreuses entreprises luttent toujours pour renouer avec les bénéfices. L’appréciation du franc est de plus en plus considérée comme un fait accompli. Au cours des derniers trimestres, nombre d’entreprises industrielles ont optimisé leur structure de coûts et accru leur productivité.

Cependant, les entreprises cherchent de plus en plus à se démarquer de la concurrence internationale par davantage d’innovation et à compenser les désavantages en termes de coûts par une plus-value. Dans l’ensemble, l’industrie exportatrice helvétique a bien résisté jusqu’ici aux taux de change défavorables. Aujourd’hui, le feu couvant de l’endettement en Europe fait reculer encore la demande des principaux marchés d’exportation. En 2011 et 2012, la Suisse a profité dans une large mesure de la conjoncture robuste de l’Allemagne.

Tandis qu’en France et en Italie, qui absorbent à elles deux 15 % environ des exportations suisses de marchandises, la demande est faible depuis quelque temps déjà, l’Allemagne enregistre toujours des taux de croissance positifs. Toutefois, cette dynamique fléchira vraisemblablement aussi outre-Rhin sous l’effet de la crise de l’euro.

Le secteur du tourisme pâtit particulièrement des difficultés actuelles sur le plan de l’économie extérieure. Il faut s’attendre à un nouveau recul du nombre de visiteurs en provenance des pays européens dans le courant de 2012. La consommation intérieure et l’évolution dynamique de la croissance des marchés asiatiques devraient avoir un effet stabilisateur. Le secteur de la finance, caractérisé par des coûts en francs et des revenus dans d’autres monnaies, peut compenser en partie les taux de change désavantageux par les apports de fonds, ce qui freine le recul de sa création de valeur. En ce qui concerne les industries chimique et pharmaceutique, qui tout comme le secteur financier affichent une valeur ajoutée élevée par poste, les difficultés budgétaires de certains États étrangers entraînent des concessions en termes de prix et une contraction des chiffres d’affaires. La branche a su y faire face plutôt bien, grâce aux mesures prises pour accroître l’efficacité.

Néanmoins, l’industrie horlogère coiffe les autres secteurs au poteau : elle profite du boom de la demande sur des marchés émergents, asiatiques principalement. Ce tour d’horizon met en avant un atout de l’industrie helvétique, sa grande diversification géographique et sectorielle, qui lui permet de compenser du moins en partie le fléchissement de la demande en Europe. La situation est particulièrement difficile dans les industries des machines, du papier et du textile, confrontées à des baisses de prix et de volumes parfois importantes.

Dans l’ensemble, economiesuisse table sur une légère baisse des exportations de 0,6 % pour 2012 et de 1,0 % en 2013. Au vu des conditions difficiles pour les entreprises exportatrices, il faut s’attendre à des hausses de salaire modérées à l’automne. Cela réduira les désavantages de coûts de l’industrie suisse, principalement par rapport à l’Allemagne, où les augmentations de salaire seront massives pour la première fois depuis des années.

 

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