LES BOURREAUX DE TRAVAIL – LES VRAIS ET LES AUTRES

20 septembre 2018

LES BOURREAUX DE TRAVAIL – LES VRAIS ET LES AUTRES

 

Par Dessy Damianova

Ils ne font jamais l’unanimité : on les aime ou on les déteste. Ils sont vus soit comme le pilier même de l’entreprise, soit comme une vraie calamité. Mais entendons-nous bien de quel « bourreaux » il s’agit véritablement car il y en a de vrais et il y en a de faux.

Un employé peut en effet cumuler des heures et des heures d’activité, il peut bosser jusqu’à tard dans la nuit mais, au final, ne rien produire de sérieux et d’effectif. Reconnaissons que quand la concentration commence à diminuer, on ne fait que tourner sur sa chaise, examinant pour une énième fois des textes (des schémas, des comptes, des dessins) déjà réalisés, changeant ça et là un petit quelque chose d’insignifiant et surtout ! – surtout faisant des escapades direction Youtube, Facebook ou boîte email. Oui, on ne peut pas nier que la contrainte de rester collé à son bureau a, à l’époque de l’Internet, son côté drôlement plaisant ! Mais le fait de ne pas se priver de ces agréments technologiques combiné à la faible productivité de leurs efforts aussi prolongés que très peu concentrés n’empêche souvent pas les prétendus « bosseurs » d’appréhender leur présence devant l’ordi comme un travail à part entière.

Plus encore – ils ont tendance à mettre en valeur ces heures considérées comme « supplémentaires » en témoignant d’un étonnant besoin d’en parler à tout le monde, voire même de s’en vanter. C’est comme si ces faux bosseurs espèrent donner à leur travail fictif une réalité qu’il ne possède tout simplement pas. Voilà comment au moins un tiers de ceux qui prétendent être des bourreaux de travail sont en effet des « bourreaux de bureau » dont le seul mérite, au vu de l’activité fébrile mais improductive qu’ils poursuivent, est d’assurer une présence sur leur place de travail.

LES BOURREAUX DE TRAVAIL – LES VRAIS ET LES AUTRES

Entre les « vrais » et les « faux » zélés, il existe une catégorie intermédiaire qui, s’apparentant plutôt aux premiers qu’aux seconds, travaille à son tour de longues heures durant, d’une manière effective et efficace et contribue à la bonne marche de l’entreprise. Mais ce qui différencie ce type de bourreaux de travail des autres, c’est leur motivation : une motivation essentiellement psychologique. Souvent, de grands bouleversements (deuil, séparation) ou simplement un sentiment d’insatisfaction générale de sa vie privée peuvent pousser un employé à chercher dans le travail une échappatoire et à s’y jeter avec toute l’énergie de la frustration ou du désespoir.

Un autre type de personne acharnée au travail pour des raisons avant tout psychologiques (mais n’ayant cette fois rien à voir avec la déprime) est le fameux « workaholic». L’anglicisme est d’ailleurs utilisé souvent comme synonyme à part entière du « bourreau de travail » français ; toutefois il en diffère légèrement puisqu’il met l’accent sur une spécificité bien soulignée – l’addiction. Oui, le « workaholic » est addict à ce qu’il fait, il en est dépendant à la manière dont d’autres sont dépendants de la cigarette, de la bouteille ou du café. Et c’est cette addiction qui le mène à bosser jour et nuit et à abattre une grande quantité de travail. Cela fait des deux types de bosseurs « psychologiques » des employés vraiment efficaces et très utiles à l’entreprise.

Toutefois – et pour ce qui est du climat socio- professionnel de celle-ci – on peut dire que leur acharnement excessif au travail inquiète leurs collègues plutôt qu’il ne les stimule, la grande énergie dont font preuve les « frustrés » et surtout les « addict » et qui parfois n’est qu’un frénétisme maladif, au lieu d’inspirer les autres, leur donne des complexes et risque de créer une atmosphère de rivalité malsaine et de nervosité au bureau.

Ceci dit, il reste les autres, les « bosseurs » véritablement constructifs. Leurs efforts et leurs veillées nocturnes sont fructueux et se traduisent en résultats tangibles et incontestables – à la différence des « bourreaux de bureau » que nous avons évoqués plus haut et qui passent des heures à ne pas produire grand- chose. A la différence des faux « bourreaux » encore qui aiment tellement s’afficher dans leur office et tirer de cette ambiance hautement professionnelle un semblant d’authenticité, les « vrais » ne tiennent pas à y effectuer nécessairement leurs heures supplémentaires : souvent ils amènent leur travail à la maison et, même s’ils s’y penchent avec tout leur sérieux, ils poursuivent ce travail dans un environnement décontracté et tout simple.

D’autre part, s’ils tiennent une statistique chronologique de leurs efforts, les vrais bosseurs le font en étroite relation avec les résultats obtenus et non pas pour la seule fascination des heures passées au bureau – pas plus que dans le but de se rassurer eux-mêmes tout en impressionnant collègues et responsables hiérarchiques, comme c’est le cas des faux bosseurs.

Sur le plan socio- professionnel, loin de la fébrilité aussi improductive que tapageuse des « faux » en question, loin aussi du frénétisme inquiétant des «workaholics », les vrais bourreaux de travail constituent un exemple à suivre – un exemple de bonne gestion du temps, de comportement constructif, de force calme et d’énergie bien maîtrisée, d’assiduité et persévérance ainsi que d’un brin de cette qualité que l’on croit quelque peu saugrenue dans le cadre de l’entreprise mais qui, au contraire, s’avère souvent un atout gagnant – la modestie.

 

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