Les professions qui refusent du monde : est-ce la faute aux candidats ?

14 novembre 2011

Les professions qui refusent du monde : est-ce la faute aux candidats ?

Dans la conjoncture actuelle, il n’est pas rare d’observer une surcharge de candidats dans un domaine. Avant tout, faisons la différence entre le réel « trop plein » de candidats par rapport au nombre de postes, et les rumeurs qui entourent le marché de l’emploi. Le surplus de demandeurs existe dans certaines professions, mais on ne peut pas dire qu’il est omniprésent.

Au début des années 2000, bon nombre de rumeurs parcouraient les horizons professionnels répandant un climat d’incertitude dans les filières informatiques. Rappelons que c’est là que l’informatique s’est réellement lancée sur le marché.

On installait les premiers ordinateurs à la maison et dans les réseaux professionnels. Il est clair que ce n’était là que les prémices de la branche, et aujourd’hui, on ne compte plus ou presque d’entreprises fonctionnant sans apport informatique.

Le lancement du domaine a pris du temps, et c’est donc en toute logique que le marché de l’emploi s’est adapté à la demande. A l’heure actuelle, toujours plus d’entreprises recherchent un informaticien afin de gérer le réseau interne, prévenir les pannes ou encore protéger et stocker les données de la société.

On a eu, à la base, certes, trop de candidats mais très vite le monde professionnel s’est adapté et la demande n’a été que croissante. C’est là un bon exemple de la mobilité des marchés de l’emploi. Une situation peut très vite changer.

Néanmoins, les formations évoluent avec le monde du travail. Elles sont chaque année plus nombreuses et plus précises. On en crée toujours plus en fonction des besoins. Mais, si une nouvelle formation explose en termes de candidats, il est probable qu’une partie d’entre eux ne trouvent pas de travail en sortant. C’est là toute la délicatesse du problème : réussir à canaliser les candidats en fonction de la demande des entreprises.

Voilà pourquoi certains apprentissages, certaines hautes-écoles ou Universités sont obligées de refuser des candidats. Ce n’est pas pour autant aisé à réaliser. C’est la raison pour laquelle ces études demandent un certain profil, et font parfois passer des tests aux futurs étudiants. S’ils n’y collent pas, leur ouvrir les portes de la formation équivaut à s’exposer à un possible abandon, ce qui engendre frais et, si le nombre d’abandon est trop élevé, une offre défavorable pour les entreprises.

C’est ici que se pose le problème des frontaliers et autres émigrés qui viennent travailler en Suisse. Pour eux, c’est une possibilité de travailler et, pour les entreprises c’est un moyen de combler les vides. Si la branche est en proie au « boycott » de la part du peuple suisse, il est évident que les entreprises et les états vont recruter ailleurs. C’est le cas, chez nous, pour certains métiers de la construction, pour une bonne partie du domaine de l’hôtellerie-restauration ainsi que pour certaines professions de la filière santé.

Mais qu’en est-il du chômage ? Les derniers sondages montrent que nous avons, en Suisse, 3.5% de la population inscrit au chômage. Il y a parmi eux certainement des gens victimes du manque de places, mais de loin pas tous. Alors pourquoi n’envoie-t-on pas tous ces gens là travailler dans les domaines qui recherchent du monde ? La réponse est simple, d’une part, on ne peut forcer les gens à faire un métier « parce que les entreprises en ont besoin » mais aussi parce que ces hommes et ces femmes ont déjà une formation. On ne peut pas reformer les personnes pour abaisser le taux de chômage. D’autant plus que nous avons chez nous l’un des chiffres les plus bas d’Europe.

Alors si la branche que l’on convoite ou que l’on exploite déborde de candidats, il faut essayer de peaufiner le C.V, de l’envoyer à un maximum d’entreprises le cas échéant même pour des candidatures spontanées. Se montrer aussi disponible et ouvert peut-être pour une place « en attendant » même si cela dure plusieurs mois.

La seule réelle solution trouvée par des entreprises à été de faire des campagnes de publicité pour telle ou telle profession afin d’attirer des jeunes et de leur montrer des métiers désertés par leurs ainés. Ajoutons à cela les salons des métiers, qui foisonnent chaque année, les promotions pour des stages, dès le cycle d’orientation, et les journées de parents, où certains présentent leur métier à la relève.

Mais qui sait, la roue va peut-être tourner et d’ici quelques années une branche oubliée pourra être très recherchée, on ne sait pas vraiment ce que nous réserve l’avenir en matière de professions.

Romain Wanner/Rédacteur chez Le Monde Economique

 

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