Quelles alternatives au tourisme de masse ?

30 octobre 2012

Quelles alternatives au tourisme de masse ?

Etre touriste, c’est voyager et avoir l’opportunité de parcourir un lieu pour son agrément, le temps de congés. Les congés se déterminent en jours, en semaines pour les plus chanceux, en mois pour les plus prolongées. On peut déterminer la présence de touristes par des postures physiques identifiables. Le cliché du tourisme balnéaire l’imagine les doigts de pied en éventail, si possible sur un sable blanc immaculé. Le tourisme urbain l’imagine appareil photo au poignet. Avec le tourisme de masse qui naît dès les années 50 (progressions des clubs de tourisme), le cliché s’institutionnalise, le voyageur naïf du XVIIIème siècle s’est mué en entité collective « qui doit absolument voir »; le lieu d’exception, chargé de sens (paysage rare, attraction chargée d’histoire) se banalise en devenant site touristique, lieu de consommation des sens ; lieu qui passe aussi pour incontournable, sorte de panthéon mémoriel dans un monde qu’on dit parfois post-historique, ou comme privé d’histoire(s).

Le tourisme de masse est à double-tranchant : il crée des emplois, fait tourner l’économie (il occupe parfois une position primordiale pour la survie économique de pays pauvres) mais produit des désagréments, impacts environnementaux (pollution, urbanisation frénétique, ressources en déclin) ou impacts culturels (standardisation des cultures, folklore, destruction ou dégradation de sites).

Voici trois de ces impacts :

  • Las Vegas, aux Etats-Unis, est une aberration écologique qui carbure aux énergies fossiles.
  • Le Colisée, à Rome, est le théâtre d’un folklore qui rappelle plus le péplum américain (sic) que la Rome antique.
  • Des grottes de Lascaux, en Dordogne, étant fortement détériorées par l’afflux des visiteurs, seul un ersatz est aujourd’hui visitable.

Sortir des sentiers battus

Avec l’augmentation du nombre de touristes, notamment dans les pays émergents d’Asie et d’Amérique, la facture énergétique engendrée par le tourisme de masse pourrait s’avérer de plus en plus salée, de plus en plus dure à supporter. Sans faire disparaître le tourisme de masse, un tourisme durable qui a pour préoccupation l’intégrité naturelle, culturelle voire sociale du lieu qu’on visite, qui peut favoriser la protection de l’environnement, doit lui succéder. Aux espaces balisés se substituent déjà d’autres pratiques – découvertes exotiques, immersion anthropologique, retour aux racines dans un environnement local et préservé…

S’il est difficile d’imaginer trouver encore des espaces vierges, il est vital de protéger des acteurs locaux qui cultivent un art de vivre en marge de l’uniformisation d’un tourisme global. S’investir hors des circuits touristiques traditionnels c’est développer l’économie locale en soutenant ses acteurs (artisans, commerçants, producteurs, écogîtes), se donner une image d’acteur responsable et se démarquer de tours opérateurs concurrents.

Pour plus d’informations, le site Voyagespourlaplanète.com répertorie un grand nombre d’organismes, d’hôtels et de séjours répondant à un tourisme responsable. Son champ d’action est d’ailleurs tout aussi vaste que le tourisme dit classique : balnéaire, montagne, ville et campagne, de la France, en passant par la Suisse jusqu’au Cambodge ou aux pays d’Afrique.

Faustin Rollinat- Rédacteur du magazine Le Monde Economique

 

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