Une planification ambitieuse pour l’énergie éolienne vaudoise. Par Basile Golaz

18 mai 2012

Une planification ambitieuse pour l’énergie éolienne vaudoise. Par Basile Golaz

Le lundi 7 mai, le Conseil d’État vaudois a retenu neuf sites pour la planification et la mise en consultation des parcs éoliens du canton pour une production potentielle totalisant 511 GWh grâce à 67 éoliennes, auxquels pourront s’ajouter 739 GWh grâce à 103 éoliennes supplémentaires provenant de dix autres sites sous certaines conditions.

Pour autant que tous ces projets puissent être réalisés, cela permettrait la production de 1250 GWh d’électricité par l’énergie éolienne à l’horizon 2035, soit environ 27 % de la consommation électrique cantonale actuelle. En additionnant le potentiel hydroélectrique du canton, plus de la moitié de ses besoins en électricité pourraient ainsi être couverts par une production renouvelable, locale et propre.

À titre de comparaison, le canton de Neuchâtel a retenu pour sa planification cinq sites pour environ 200 GWh, soit 20 % de sa consommation. Le canton de Vaud fait donc preuve d’ambition dans sa planification pour l’énergie éolienne, avec un objectif largement supérieur à celui que retient la Confédération, qui est pour l’heure inférieur à 10 % de sa consommation d’électricité, selon les dernières déclarations de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) et de la conseillère fédérale Doris Leuthard concernant la sortir du nucléaire. Il est vrai que le canton dispose d’un potentiel éolien assez important et accessible qui offre par ailleurs de belles perspectives de développement pour son arrière-pays, alors qu’à l’échelle suisse le potentiel éolien est encore largement sous exploité avec seulement une trentaine d’éoliennes en activité aujourd’hui sur la totalité du territoire.

Le processus de sélection mis en place par le canton a d’ores et déjà tenu compte des préoccupations de la population au sujet de la modification du paysage en accordant un poids important à l’impact paysager et en excluant toute une série de périmètres protégés et de valeur. Les distances entre les parcs éoliens et les villes et villages respecteront également les normes légales en matière de bruit. Concernant l’approbation des dix sites supplémentaires, quatre zones frontière pouvant générer 461 GWh grâce à 73 éoliennes nécessitent une coordination avec les cantons de Fribourg et Neuchâtel, cinq zones pouvant générer 189 GWh grâce à 18 éoliennes nécessitent un préavis favorable de Skyguide en raison des risques d’interférences aériennes, et finalement une zone située au Mollendruz pouvant générer 89 GWh grâce à 12 éoliennes devra réduire son impact paysager.

Le projet le plus avancé a récemment reçu un feu vert de la population à Sainte-Croix le 5 février 2012 et sera mis en place par la Romande Énergie avec un investissement d’environ 42,6 millions de CHF pour 6 éoliennes produisant 22 GWh sur une durée de vie d’environ 20 ans, soit la consommation 
annuelle de plus de 6000 ménages.

La route reste toutefois encore très longue pour les autres projets, car ils devront être approuvés par le Conseil fédéral après la phase de consultation vaudoise et chaque projet de parc devra ensuite être adopté à l’échelon communal avant même la procédure de délivrance des permis de construire qui peut être sujette à des oppositions jusqu’au Tribunal fédéral. Ces particularités du fédéralisme suisse montrent une fois de plus le frein qu’elles risquent d’engendrer dans l’adoption des Cleantech, de la même manière que pour l’adoption de toitures photovoltaïque ou dans une moindre mesure de pompes à chaleurs. Dans ces domaines liés à la production d’énergies renouvelables, il semble urgent d’assouplir les procédures si la Suisse espère rester sur le devant de la scène européenne des Cleantech et réduire sa dépendance aux énergies fossiles et nucléaires.

Basile Golaz collabore avec Le MONDE ECONOMIQUE en qualité d’expert sur des thématiques liées à l’ingénierie et au Cleantech

 

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