Valorisation de la formation au sein de l’entreprise. Par Dr. Anne Mai Walder

12 avril 2012

Valorisation de la formation au sein de l’entreprise. Par Dr. Anne Mai Walder

Nous avons entamé le mois dernier une chronique sur l’apprentissage chez l’adulte que j’illustre au moyen de l’élitiste Executive Master of Business Administration (EMBA) du monde des affaires. Pour celles et ceux que mon précédent article a enthousiasmés et les nouveaux qui pourront toujours le découvrir, abordons à présent la valorisation de la formation au sein de l’entreprise et le choix du programme diplômant et de l’établissement d’enseignement supérieur.

Je déplore que certaines entreprises et leurs collaborateurs estiment la délivrance de diplômes comme une fin en soi en restreignant de fait la valorisation de la formation au sein de l’entreprise. Faire fructifier sur le terrain et au quotidien les connaissances acquises et les compétences développées pendant les cours, la voilà la vraie valorisation de la formation ! Celle qui permet au manager MBiste d’appliquer son nouveau savoir en sa qualité d’expert et de le partager avec son équipe.

Seulement, l’apprentissage en surface et l’enseignement traditionnel que dispense la plupart des écoles, réputées ou non d’ailleurs, n’outillent pas suffisamment le cadre dirigeant dans cette orientation.

À mon sens, le choix de l’établissement doit donc se décider avant tout par rapport à ce critère. En d’autres mots, préférez un apprentissage en profondeur ! L’apprentissage en surface se limite à l’intention d’accomplir une tâche, à la mémorisation d’information, sans aucune distinction entre les nouvelles connaissances et les existantes. Tandis que l’apprentissage en profondeur s’inscrit lui dans la compréhension et la recherche de significations permettant aux participants de relier les concepts à leur représentation existante, de distinguer les nouvelles connaissances de celles déjà acquises et d’effectuer une pratique réflexive, voire une critique constructive, des thèmes clefs et des concepts.

Cristol (2009) met en lumière le dévoiement du management vers une effigie exclusivement « gestionnaire » et relève un manque de compétences ressources humaines et connaissances de soi. En bref, les managers ne sont pas assez préparés à leur fonction. Leurs positionnements, la gestion des émotions que ce soit la leur comme celle d’autrui, leur capacité d’exercer le leadership et d’assumer une autorité, leurs prises de décisions en situation et, en général, l’appréhension de cas critiques et complexes demeurent des obstacles qui jonchent le parcours du dirigeant en les confrontant à nombre de difficultés. Livrés à eux-mêmes, les managers doivent acquérir seuls ces compétences humaines. Ainsi, les compétences relationnelles, décisionnelles et communicationnelles sont aussi utiles à l’entreprise que les savoirs techniques (Laroche, 2007). C’est aujourd’hui un must et le choix du programme doit s’établir selon ces critères.

Les sept modèles de l’éducation au management relevés par Korpiaho, Päiviö et Räsänen (2007) s’opposent avec, d’un côté, le modèle traditionnel et le modèle MBA et, de l’autre, le modèle scientifique, le modèle des compétences, le modèle fondé sur l’action, le modèle critique et le modèle de diffusion des connaissances de management dans des projets sociaux et humanitaires.

Cependant, il est aujourd’hui indispensable de promouvoir l’innovation pédagogique. De nombreuses approches innovantes coexistent. En découlent par exemple, les situations critiques à examiner, avec la méthode d’étude de cas, qui intègrent le contexte et les émotions des étudiants (Bouchard, Calvez, Joly, 2007 ; Bonnet, Joly, Bourion, 2009) ou encore, les méthodes d’apprentissage basées sur la résolution de problèmes où les étudiants apprennent à opérer une réflexion critique partagée au sein d’une équipe (Hunot, 2000 ; Bourion, 2002).

Pour l’enseignement des sciences de gestion, deux approches me paraissent particulièrement pertinentes. La première, issue de la méthode MAP de Roger Declerck, propose le Management et Analyse de Projets Simulés (MAP-S) (Mazouz et Tremblay, 2001) et la deuxième, la méthode MAETIC (Talon et Leclet, 2008) se destine à la formation professionnelle dans l’enseignement supérieur. Je vous conseille instamment de vous informer sur les approches pédagogiques utilisées dans le programme que vous convoitez et surtout de rencontrer le conseiller des établissements sélectionnés avant d’arrêter votre choix ! Un nombre croissant d’écoles font de l’innovation une de leurs priorités. Préférez ces pionnières !

Finalement, le petit plus tant recherché incombe au développement de l’esprit d’entreprise. La plupart des programmes intègrent le leadership mais omettent l’entrepreneuriat qui permet de réfléchir et peut-être même de construire des compétences personnelles nécessaires à tout ce qui concerne la créativité, l’innovation et l’endossement de la prise de risques.

Cette brève exploration des coulisses de l’enseignement supérieur des sciences de gestion nous conduira le mois prochain vers la reprise d’études et quelques conseils pendant la formation…

Dr. Anne Mai Walder / Expert pour Le Monde Economique / www.WalderPublications.ch

 

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