Interview de Patrick Abadie, co-fondateur de Delville Management

6 juin 2012

Interview de Patrick Abadie, co-fondateur de Delville Management

Le Monde Economique On parle de plus en plus de managers de transition et Delville Management fait partie des entreprises qui se sont lancées dans ce créneau. Seulement, c’est un secteur d’activité qui est encore peu connu. Qu’en est-il réellement ? Pourquoi fait-on appel à cette nouvelle forme de management ?

Patrick Abadie Le management de transition apparaît de plus en plus comme une solution aux problématiques d’entreprise lorsqu’elle souhaite améliorer sa performance, pérenniser son activité ou mener une opération stratégique au cours de son évolution. Face à des contextes d’intervention multiples, on retrouve des composantes communes : l’entreprise souhaite rapidement pallier un manque au niveau de ses cadres dirigeants. Le manager de transition est un opérationnel surdimensionné qui peut rapidement prendre les rênes d’un service, d’une fonction ou d’une entreprise ou être un renfort opérationnel à l’équipe en place.

Face à une situation d’urgence, le recrutement prend du temps. L’entreprise fait de plus appel à un manager chevronné capable d’établir rapidement un diagnostic de la situation, d’émettre des recommandations mais aussi de les mettre en œuvre et de mener une équipe.

Le Monde Economique Aider les entreprises à franchir un cap dans des périodes de transformation ou d’évolution, telle est la vocation du management de transition. Face à une situation d’urgence, sur quels critères Deville Management se base-t-il pour sélectionner un manager pour une mission ?

Patrick Abadie La sélection du manager de transition est l’étape la plus importante car elle détermine en grande partie la réussite de la mission. Le plus grand soin doit y être apporté et cela passe d’abord par l’écoute de l’entreprise et la compréhension de ses attentes, de ses besoins et de ses difficultés. L’avantage d’un Cabinet est d’accompagner l’entreprise pour qualifier le manager qui répondra à ses attentes. Bien mener cette étape est un gain de temps indiscutable.

Delville recherche alors le manager adéquat. Cela passe en premier lieu par notre réseau : le Club Delville, le plus large réseau de managers de transition en France, et leurs relations. Cela a le double avantage d’être réactif dans une situation d’urgence et de connaître facilement le manager. En effet, le facteur humain est intrinsèque au management de transition. Il faut donc savoir s’il est capable, au sein de l’environnement dans lequel il sera impliqué:

– de manager les équipes,

– de s’adapter,

– de s’intégrer,

– d’être opérationnel rapidement.

Pour connaître ses qualités ou ses axes d’amélioration, nous effectuons en plus une prise de références systématique et le rencontrons deux fois avant de le présenter à notre client.

Au final, le choix revient toujours aux décisionnaires de l’entreprise. Nous jouons notre rôle de conseiller en éclairant toutes les composantes de sa personnalité et de ses compétences.

Le Monde Economique Le contexte économique, impliquant des changements organisationnels parfois brutaux, peut amener les entreprises à solliciter un regard extérieur et opérationnel sur des situations particulières qu’elles rencontrent. N’est-ce pas risqué de confier les rênes d’une structure ou d’un service à un inconnu ? Justifier votre réponse.

Patrick Abadie C’est effectivement la première crainte des entreprises. Mais le manager de transition que nous sélectionnons est loin d’être un inconnu pour les experts et consultants de notre Cabinet. De plus, cette crainte est rapidement levée lorsque les clients s’aperçoivent que le profil présenté a résolu les mêmes problématiques dans des contextes bien souvent plus complexes encore. Le manager de transition est impliqué avec des objectifs clairement définis au départ, dont l’évolution est suivie au plus près par Delville.

De plus en plus de missions de transition passent par l’intermédiaire de Cabinets. Nous sommes une garantie de réussite supplémentaire de la mission notamment grâce aux prises de références, au suivi de la satisfaction du client, aux reportings hebdomadaires du manager sur l’avancement de la mission, à l’accompagnement du manager par le Club Delville, à l’apport de compétences supplémentaires si besoin, etc.

Le Monde Economique Le management de transition commence à convaincre les chefs d’entreprise mais une grande majorité reste encore sceptique. Selon vous, quels sont les différents freins à l’essor de ce type de management ?

Patrick Abadie Les freins sont de plus en plus levés car le management de transition commence à être perçu comme un outil efficace. Le premier frein est donc tout simplement le fait que le management de transition souffre d’un manque de notoriété. Les chefs d’entreprises ne s’imaginent pas qu’il existe un tel retour sur investissement avec ce type d’intervention. En outre, beaucoup font appel à du management de transition sans véritablement le savoir. Cette notion, ses contextes d’intervention et ses bénéfices ne sont pas encore connus de tous.

Le frein culturel existe également. Certaines entreprises peuvent considérer – à tort – que faire appel au management de transition c’est faire étalage des faiblesses de l’entreprise. Mais en fait, engager un manager de transition c’est s’attacher les services d’un profil expérimenté qui a eu de grandes responsabilités. Les dirigeants doivent donc plutôt le considérer comme une manière de pérenniser leurs activités.

Le Monde Economique Un consultant mis à disposition par Deville Management devra répondre de façon réactive aux situations exceptionnelles telles que le lancement d’un projet stratégique, l’amélioration de la performance, le management de crise, la conduite du changement ou le remplacement d’un cadre dirigeant. Qu’arrive-t-il en cas d’échec ?

Patrick Abadie En principe il ne doit pas se produire. Et c’est tout l’intérêt d’un cabinet de management de transition. En effet, s’il y a une complication, le cabinet peut apporter un soutien et un support opérationnel supplémentaire à sa charge : un coach, un autre manager de transition, etc. Mais tout est fait au préalable pour éviter cette situation : la qualification du besoin, le suivi hebdomadaire du déroulement de la mission, le support d’un membre du Club Delville, les échanges entre les différents membres du Club sur les problématiques à gérer. La charte de Delville Management témoigne de notre engagement à la réussite de la mission.

Le Monde Economique N’est-ce pas utopique de penser qu’un manager de transition, n’ayant aucune culture de l’entreprise, puisse venir en quelques mois faire des miracles ?

Patrick Abadie Au contraire ! Il apporte un œil nouveau et possède le recul que les managers, pris dans leurs activités quotidiennes, n’ont plus. Quand bien même ils l’auraient, ils n’ont pas le temps de le mettre en œuvre. Ensuite, une condition essentielle pour être manager de transition est de faire preuve d’une grande faculté d’adaptation. Le manager de transition l’a acquise grâce à sa longue expérience dans différents secteurs, dont celui dans lequel il intervient. Il a vécu les problématiques auxquelles l’entreprise est confrontée et les a déjà résolues.

Le Monde Economique Le marché du mana
gement de transition est estimé en France entre 300 et 350 millions d’euros, pour environ 2500 missions annuelles. Comment Delville Management entrevoit-il son futur ?

Patrick Abadie Depuis 10 ans, le marché du management de transition connaît une croissance à deux chiffres. Dans ce contexte, nous maintenons notre objectif – atteint jusqu’à maintenant- de doubler le chiffre d’affaires chaque année.

Interview réalisée par Thierry Dime

 

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