Interview de Wayne Brannon, Président et Directeur General de Chevrolet Europe

31 octobre 2011

Interview de Wayne Brannon, Président et Directeur General de Chevrolet Europe

MONDE ECONOMIQUE Selon plusieurs analystes, le marché automobile européen devrait bientôt entrer dans une phase de stabilisation. Etes-vous de cet avis ?

Wayne Brannon Si nous nous attendons à ce que les ventes en 2011 soient égales, voire légèrement supérieures à celles de 2010, nous pensons également que la confiance des consommateurs s’est quelque peu érodée durant l’année écoulée, par suite de risques économiques importants. Un chômage élevé, l’austérité fiscale et l’inflation restent des préoccupations essentielles sur certains marchés.

Ces préoccupations sont encore amplifiées par les effets mondiaux des crises en Afrique du Nord et au Japon. Il est de ce fait probablement vrai d’affirmer que les ventes de l’industrie automobile européenne vont momentanément se stabiliser à un niveau relativement bas d’environ 19 millions de voitures comparé à l’année 2007, année record pour le secteur en Europe, durant laquelle on avait enregistré 23 millions de voitures vendues.

MONDE ECONOMIQUE Dans les prochaines années, un énorme glissement va s’opérer dans le paysage concurrentiel qui verra la Chine et l’Inde émerger comme acteurs incontournables du secteur automobile. Ne pensez-vous pas que pour rester compétitif, Chevrolet devra se réinventer pour faire face aux enjeux d’un paysage automobile mondial totalement nouveau ?

Wayne Brannon En fait, Chevrolet s’est déjà réinventé. Comparez la gamme de voitures et de 4×4 très large que nous proposons aujourd’hui dans le monde à celle d’il y a tout juste cinq ans. Cette gamme de modèle, qui va des minis aux SUV, est mieux adaptée que jamais pour répondre aux besoins des clients sur les marchés traditionnels et émergents.

Regardez la Chine, par exemple, où Chevrolet est déjà bien implanté. En 2011, la Chine est devenue le deuxième plus gros marché mondial de Chevrolet, après le marché national, les États-Unis.

Avec une augmentation des ventes sans précédent de 63 pour cent, Chevrolet a vendu près de 540 000 voitures en Chine l’année dernière. En 2010, une Chevrolet sur trois vendue dans le monde l’a été en Chine, en Russie ou au Brésil. En Inde, les ventes de Chevrolet en 2010 ont également enregistré une hausse de 60 pour cent, s’établissant à plus de 110 000 voitures, grâce à l’accueil très positif réservé par les clients aux minis Beat et Spark et au compact-car Cruze. Chevrolet est ainsi devenu l’une des marques enregistrant la croissance la plus rapide sur ce que l’on appelle les marchés BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).

MONDE ECONOMIQUE Des véhicules hybrides sont en développement chez quasiment tous les grands constructeurs. L’un de vos modèles phares actuellement est la Chevrolet Volt, qui fonctionne sur une technologie hybride (essence/ électrique). Peut-on dire que la Chevrolet Volt est une réponse aux enjeux du développement durable dans l’automobile ?

Wayne Brannon Je crois fermement que la Chevrolet Volt est la meilleure solution proposée aujourd’hui sur la planète pour faire passer les gens à l’ère de la conduite électrique. La Volt est un véhicule électrique qui offre une autonomie très étendue. Entre 40 et 80 km, elle roule avec zéro émission grâce à l’énergie stockée dans ses batteries au lithium-ion, et les recherches nous ont montré que 80 pour cent des gens effectuent un kilométrage journalier moindre. Parallèlement, la Volt a une autonomie totale d’environ 600 km pour un seul réservoir d’essence, ce qui signifie que contrairement aux autres voitures électriques, la Volt ne vous laissera jamais en panne. Vous n’aurez pas besoin d’une seconde voiture pour vous rendre où et quand vous le souhaitez.

Dotée de quatre sièges et d’un vaste coffre, elle peut être la seule voiture d’un foyer. La Volt est conçue pour répondre aux infrastructures d’aujourd’hui, ce qui signifie que vous n’avez pas à modifier vos habitudes de vie pour répondre aux durées de charge de la voiture. La batterie lithium-ion de la Volt peut se recharger sur n’importe quelle prise domestique équipée en 240 Volts en environ 3-4 heures, pour une charge que nous estimons à environ 1 euro. Les roues sont toujours entraînées par le moteur électrique, le générateur embarqué (un moteur à essence de 1,4 litre) alimente la batterie lithium-ion de 16kWh, à conditionnement thermique et garanti pendant huit ans ou 160 000 km. La Volt sera proposée en Europe en novembre de cette année, et lors du Salon de l’auto de Genève, nous avons annoncé son prix pour l’Allemagne de 41 950 euros TTC (CHF 54 490.- pour la Suisse).

Quelques caractéristiques de la Chevrolet Volt :

Description : Voiture électrique à autonomie étendue

Type de véhicule : 5 portes, 4 passagers, à hayon, traction avant

Autonomie de batterie : 40 à 80 km
selon le terrain, la température et le de conduite

Autonomie totale : plus de 600 km (électrique et étendu)

Moteur électrique : deux roues, traction avant

Puissance : 111kW/150 CV

Couple : 368 Nm – couple instantané

Vitesse maximale : 161 km/h

Batterie : batterie de 16 kWh au lithium-ion
refroidissement/chauffage liquide, rechargeable

Durée de charge : 4 heures, prise domestique 240V

Moteur électrique : deux roues, traction avant 111kW/150 CV

Générateur : 1,4 l, essence

Pneumatiques : Michelin faible résistance

Freins : Électro-hydraulique, disque régénérateur
ventilé avant/arrière avec ABS
Poids à vide : 1 715 kg

Prix (en Allemagne) : 41 950 euros

Mise sur le marché : novembre 2011 (en Europe), novembre 2010 (aux États-Unis)

MONDE ECONOMIQUE Les perspectives pour le marché mondial de l’hybride sont estimées entre 6 et 7 % des ventes à l’horizon 2018. Comment Chevrolet envisage-t-il rattraper son retard face à certains constructeurs qui ont déjà une bonne longueur d’avance ?

Wayne Brannon Avec la Chevrolet Volt électrique à autonomie étendue, Chevrolet est plutôt en avance sur ses concurrents. La Chevrolet Volt peut rouler avec zéro émissions pendant près de 80 km et dispose d’une autonomie totale allant jusqu’à 600 km.

MONDE ECONOMIQUE Votre marque automobile est américaine mais Louis Chevrolet, son fondateur est un natif de La Chaux-de-Fonds. Cela crée-t-il une proximité entre votre marque et la Suisse ?

Wayne Brannon Nous sommes très fiers de notre histoire européenne et de notre fondateur suisse qui a donné son nom à la marque. Nous espérons que les Suisses ressentent la même fierté au sujet de ce pilote et mécanicien
de leur pays qui a fondé ce qui est aujourd’hui la quatrième plus importante marque de voitures dans le monde. Toutes les sept secondes, un client quelque part dans le monde choisit une Chevrolet, une voiture qui porte le nom du fondateur suisse de la marque.

Interview réalisée par Thierry Dime

 

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