Les PME suisses bien armées pour la numérisation, mais…

21 mars 2019

Les PME suisses bien armées pour la numérisation, mais…
  • Les technologies numériques sont nettement plus importantes pour les grandes entreprises que pour les petites et moyennes entreprises suisses
  • Sensibilisation élevée des prestataires de services et des entreprises industrielles – attention insuffisante de la part des entreprises commerciales
  • S’il existe des obstacles à l’investissement dans le secteur de la numérisation, cela est principalement lié à un manque de ressources financières

Pour 73 pour cent des entreprises suisses, les technologies numériques jouent un rôle moyen à significatif dans leur modèle d’affaires respectif. Il y a un an, elles n’étaient encore que 66 pour cent à avoir cet avis et il y a deux ans seulement 45 pour cent. Les technologies numériques jouent un rôle notable, en particulier dans les relations avec la clientèle, qui sont de plus en plus intégralement, ou du moins partiellement, placées sous le signe du numérique. Néanmoins, l’utilisation technique des appareils mobiles par les consommateurs, la numérisation des processus administratifs internes ou une production davantage automatisée sont également d’une importance considérable. Alors qu’une entreprise sur deux réalisant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 100 millions de francs attache une très grande importance aux technologies numériques, ce taux n’est que de 20 pour cent pour les très petites entreprises. 

Ceci est préoccupant pour André Bieri, responsable Middle Market chez EY en Suisse, en particulier eu égard au ralentissement de l’économie: «Le fait que les technologies numériques ne jouent un rôle majeur que pour quelques petites entreprises ne constitue pas encore un problème actuellement, mais dès qu’une conjoncture en berne se matérialise dans les carnets de commandes ou qu’une concurrence acharnée voit le jour, ces entreprises sont les premières à devoir se battre pour leur survie.» 

En témoigne une enquête récente et représentative réalisée par le cabinet d’audit et de conseil EY auprès de plus de 700 entreprises suisses. 65 pour cent des entreprises interrogées ont généré un chiffre d’affaires annuel inférieur à 30 millions de francs, 22 pour cent un CA compris entre 30 et 100 millions et les 13 pour cent restants un CA supérieur à 100 millions de francs. 72 pour cent des entreprises interrogées sont domiciliées en Suisse alémanique, 14 pour cent en Suisse romande et au Tessin.  «Les petites et moyennes entreprises ne peuvent pas ignorer l’importance galopante de la numérisation dans les situations privées et professionnelles. Certes, de nombreuses entreprises suisses en sont déjà conscientes, mais les actions concrètes ou les investissements requis font souvent défaut», constate André Bieri. 

Importance différente selon les secteurs

Étonnamment, seuls 16 pour cent des entreprises commerciales interrogées (grossistes et détaillants, commerce en ligne, en magasin et au détail) considèrent toutefois l’importance des technologies numériques pour leurs entreprises comme «très élevée». 38 pour cent la considèrent comme «moyenne». Seuls 35 pour cent des entreprises commerciales interrogées envisagent que cette importance passe à «significative» au cours des cinq prochaines années. Par comparaison: 32 pour cent des fournisseurs de services, 30 pour cent des entreprises industrielles et 22 pour cent des entreprises des secteurs de la construction et de l’énergie accordent une très grande importance aux technologies numériques pour leurs modèles d’affaires. 

«Les consommateurs effectuent de plus en plus d’achats en ligne aujourd’hui. De plus, l’utilisation d’appareils mobiles progresse également, de sorte que les processus de commande et de paiement pour smartphones doivent être préparés ou que les campagnes de commercialisation existantes doivent être étendues aux canaux numériques. Pour les petites et moyennes entreprises commerciales suisses, il est d’urgence impérative de suivre cette tendance afin de ne pas être évincées du marché», met en garde André Bieri. 

Le manque d’argent et de personnel est le principal freinAlors qu’au début de l’année 2018, un peu plus de 70 pour cent des entreprises interrogées déclaraient qu’elles n’avaient aucune raison de ne pas investir ou de ne pas encore investir davantage dans la numérisation de leurs activités, environ 80 pour cent d’entre elles exprimaient cette opinion début 2019. Les ressources financières limitées, le manque de personnel et des compétences insuffisantes ont été cités comme faisant figure de principaux obstacles. Pour les petites entreprises notamment qui n’attachent pas une grande importance à la numérisation, la question se pose de savoir si elles n’investissent pas au mauvais endroit», souligne André Bieri en ajoutant: «Le haut degré de sensibilisation des PME suisses à l’importance de la numérisation est notable. Ce n’est qu’en investissant dans des technologies numériques adaptées à leur situation respective et grâce aux compétences appropriées de leurs employés que ces entreprises seront bien préparées pour l’avenir.»

 

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