Intelligence artificielle – La Suisse à la traîne dans la course mondiale

27 janvier 2019

Intelligence artificielle – La Suisse à la traîne dans la course mondiale

Une nouvelle tendance dans la recherche, le développement et l’application de l’intelligence artificielle (IA) est apparue à l’échelle mondiale. Les entreprises suisses n’en sont encore qu’aux balbutiements. C’est ce que montrent les résultats de l’enquête menée cette année par PwC auprès des CEO. Dans un environnement changeant, les entreprises ont de la difficulté à choisir la bonne stratégie ou la bonne technologie pour un modèle commercial prometteur. Si la Suisse ne modifie pas sa trajectoire, les experts craignent qu’elle ne rate le coche.

Zurich, 25 janvier 2019 – Les résultats de la dernière enquête menée auprès des CEO brossent un tableau clair de la situation: 85% des CEO du monde entier s’attendent à ce que l’intelligence artificielle modifie radicalement leurs activités au cours des cinq prochaines années (voir PwC’s 22nd CEO Survey). Près des deux tiers des décideurs mondiaux estiment que l’IA a un impact potentiel plus important qu’Internet. Son niveau de développement et de promotion varie d’un pays à l’autre.

La Suisse adopte une position passive

Une comparaison mondiale montre que les CEO suisses sont prudents. Environ 40% d’entre eux déclarent qu’ils n’envisagent actuellement aucune application d’intelligence artificielle. Le chiffre au niveau mondial est de 23%. 23% des CEO suisses déclarent qu’ils élaboreront un plan au cours des trois prochaines années. 30% ont jusqu’à présent choisi une approche très limitée. Moins de 10% indiquent avoir mis en œuvre l’IA dans leur entreprise.

Un tableau similaire se dégage lorsqu’on demande dans quelle mesure l’IA modifie la façon dont les affaires sont conduites: 26% des CEO suisses ne s’attendent pas à des changements majeurs dus à l’IA. Seulement 13% partagent ce point de vue à l’échelle mondiale. Ainsi, le nombre de chefs d’entreprise qui prévoient un changement significatif est supérieur de 18% à celui de la Suisse.

Les raisons sont multiples. Certaines entreprises suisses ont eu d’autres priorités ces dernières années, comme le franc suisse fort. De plus, certaines entreprises émettent des réserves sur la technologie en termes de performance ou sont critiques à l’égard de l’automatisation. Un élément important est le traitement et la disponibilité des données. Plus les données disponibles sont exhaustives, plus les systèmes d’IA peuvent en apprendre. Les mesures publiques de promotion jouent également un rôle important. Elles visent des cadres réglementaires clairs et la promotion de l’éducation et de la recherche.

«En comparaison avec d’autres pays, la Suisse ne dispose pas encore d’une stratégie d’IA au niveau fédéral, malgré de bonnes conditions-cadres. En effet, la Suisse dispose d’un excellent système de formation, d’une grande capacité d’innovation et de spécialistes talentueux», explique Christian Westermann, expert en données et responsable IA chez PwC Suisse. «Il appartient maintenant à la Confédération de créer les conditions-cadres nécessaires à l’IA en Suisse et d’aider les entreprises ainsi que les institutions de recherche et de formation à prendre des mesures concrètes. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de ne pas être laissé pour compte et de s’assurer un avantage concurrentiel à l’avenir.»

L’IA au cœur du changement numérique mondial

De nombreux pays comme la Chine, la France, Singapour et le Japon ont déclaré que l’intelligence artificielle était une technologie clé de la transformation numérique et ont annoncé des plans globaux pour faire progresser la recherche et le développement dans ce domaine. En outre, il existe de nombreuses stratégies internationales (p. ex. de l’UE, de l’ONU, des EAU et de l’Inde) qui réglementent les partenariats en matière d’IA. Les investissements sont considérables, de l’ordre de plusieurs milliards. Les initiatives ne diffèrent que par leur orientation stratégique. Dans l’ensemble, elles couvrent la recherche scientifique, le développement des talents, les compétences et l’éducation, la propriété des secteurs public et privé, l’éthique et l’inclusion, les normes et règlements, ainsi que l’infrastructure numérique et de données.

Cependant, les stratégies nationales ont une chose en commun: elles cherchent à créer un écosystème complet. Christian Westermann indique sur ce point: «Un écosystème d’IA solide se caractérise par un réseau resserré entre la science, les affaires avec les entreprises et les jeunes entreprises, et la société. Pour qu’un tel environnement puisse émerger, des mesures politiques innovantes et une stratégie globale sont nécessaires. En 2018, la Confédération a créé un groupe de travail sur l’intelligence artificielle qui doit présenter au Conseil fédéral d’ici l’automne 2019 les mesures existantes et nouvelles. J’espère que cela créera une base qui permettra à la Suisse de continuer à jouer un rôle de premier plan dans le domaine de la technologie et de l’innovation.»

 

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