L’APPELLATION D’ORIGINE OU QUAND LA QUALITE A UNE HISTOIRE ET UNE GEORGAPHIE

11 octobre 2018

L’APPELLATION  D’ORIGINE  OU QUAND LA QUALITE A UNE HISTOIRE ET UNE GEORGAPHIE

Par Dessy Damianova

A l’époque de la mondialisation où la géographie, dans son aspect économique, perd de plus en plus son importance, l’insistance avec laquelle sont demandées les appellations d’origine peuvent étonner plus d’un. L’explication est pourtant logique et facile à trouver : dans le contexte d’une globalisation qui, intervenant dans la hiérarchie des valeurs du consommateur, consacre la prééminence du « grand choix » sur la qualité, de la variété sur l’authenticité et sur la traçabilité des produits, il est essentiel pour les fabricants d’articles originaux d’entreprendre des démarches pour faire valoriser leur production.

Valoriser, mais aussi et surtout protéger. Car à l’époque de la globalisation, de précieux savoir-faire et leurs produits se trouvent exposés aux vents d’une concurrence accrue, d’envergure mondiale, ainsi qu’au risque, lui aussi augmenté, d’abus et de falsification. Sécuriser le savoir-faire, le plus souvent local ou traditionnel, devient dès lors impératif pour les producteurs qui, à cet effet, peuvent demander l’une des labellisations prévues par la loi – l’Appellation d’origine protégée (AOP) et l’Indication géographique protégée (IGP).

Se substituant à l’ancienne Appellation d’origine contrôlée, l’AOP sécurise des produits dont l’intégralité de la fabrication a été effectuée dans une zone géographique donnée tandis que l’IGP est attribuée à des articles dont au moins une des étapes de production a été réalisée dans une aire géographique délimitée. Comme on le voit, la marque, l’appellation ou l’indication, insistent sur l’« histoire » et surtout sur la « géographie » du produit à protéger. Elles soulignent le lien intime qui existe entre le lieu d’origine et le produit en question et souvent – sur l’influence du premier sur les caractéristiques du second. Les griffes AOP et IGP sont un rappel vibrant de l’originalité de l’article protégé en même temps que du caractère abusif de toute tentative de reproduction de cet article à un autre lieu de fabrication et par des moyens technologiques autres que ceux prévus par le savoir-faire original.

Protéger de précieux savoir- faire et des produits à forte identité.

L’AOP et l’IGP distinguent des produits à forte identité industrielle et commerciale : l’origine géographique bien définie, l’historique, la traçabilité, la couleur locale ainsi que l’empreinte que laisse sur eux une méthode de production spécifique rend ces articles vraiment uniques. Ils sont le plus souvent le résultat d’un savoir- faire local traditionnel qui n’a certainement rien à voir avec le mode de production à la chaîne. Leur rayonnement particulier mérite la reconnaissance et justifie leur prix sensiblement plus élevé. Dans le contexte d’une globalisation croissante, l’appellation d’origine et l’indication géographique représentent une manière de protéger le produit commercialisé, en même temps que d’une concurrence déloyale, des effets dommageables d’une universalisation qui inévitablement entraîne le risque de perte d’identité et de « dépersonnalisation » de l’article en question.

Le label – une arme dans la guerre économique.

Loin du côté idyllique- folklorique que peut receler, entre autres, la démarche de labellisation des produits du terroir et du patrimoine, cette labellisation peut être une arme importante dans la guerre économique. Les produits ainsi certifiés jouissent d’un intérêt plus grand de la part des consommateurs et c’est là un grand atout dans le contexte d’une concurrence mondiale exacerbée et de plus en plus impitoyable. Et tant pis pour ceux qui, en ces temps de mondialisation, n’aiment pas trop entendre parler d’identité et d’origine géographique bien précise…

En dehors des effets indésirables directement attribuables à la globalisation, à savoir la concurrence susmentionnée et une trop grande universalisation, l’AOP et l’IGP sont censées conjurer d’abord et avant tout l’ennemi classique de tout produit de qualité – la copie frauduleuse. C’est au nom de ce combat que la démarche de labellisation a initailement été instaurée quelque part dans les années 30 du siècle passé.

Le système de certification par Appellation d’origine protégée (AOP) et Indication géographique protégée (IGP) a été adopté par la Suisse en 1997. Depuis, 33 spécialités ont obtenu l’une de ces protections, ce qui se traduit en 64 000 tonnes certifiées (les données sont celles communiquées par la RTS) pour un chiffre d’affaires atteignant 890 millions de francs à la sortie des unités de transformation, et 1,56 milliard à la consommation. Ces AOP et IGP sont gérées par 29 groupements qui représentent 8350 producteurs de matières premières et 1661 entreprises de transformation, pour un total d’environ 15’000 emplois (toujours d’après la RTS).

 

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