Managers, osez l’innovation avec audace

11 décembre 2019

Managers, osez l’innovation avec audace

Par Hervé Azoulay

Nous entrons dans l’ère numérique avec  sa croissance exponentielle de l’information, son intelligence ajoutée, ses savoirs multipliés, ses réseaux vivants de connaissances, qui rendent le champ de l’innovation plus ouvert à l’entreprise. Mais sommes-nous devenus plus audacieux pour autant ? Comparé aux changements du numérique, le management par l’audace semble avancer à un rythme de tortue.

L’innovation est un concept large et dépasse les aspects technologiques. 80% de l’innovation ne concernent pas la science pure mais de l’innovation dans le commercial, le marketing, le management, les clients… C’est la créativité dans les usages qui permet de différencier les entreprises performantes. Par exemple, Apple a su saisir et  adapter les idées des autres pour les transformer en synthèse créative avec l’iPod, qui ne comporte aucune technologie maison, mais qui a utilisé des technologies développées ailleurs. Le livre électronique ou le e-commerce sont également des technologies de rupture.

Si l’innovation constitue un facteur essentiel de compétitivité économique, elle ne saurait être réduite à la recherche et aux brevets, mais plutôt à la compétitivité et la créativité des entreprises comme le seul facteur clé de la mesure. L’innovation est d’abord une affaire d’entrepreneurs plus que de développement de structures publiques.

Oser l’innovation managériale consiste à avoir de l’audace, c’est-à-dire aller là où les autres ne vont pas, en prenant des risques calculés, en sortant du cadre, en bravant les conformismes, en restant humble, en dépassant ses propres limites, en acceptant le risque et la possibilité de faire des erreurs. Avoir de l’audace c’est aussi agir, transformer, changer les comportements, penser différemment et donner du sens à l’action, recréer du lien, de la proximité, mobiliser l’intelligence collective et partager en confiance. L’audace managériale est devenue une compétence clé pour les managers des sociétés modernes. Ce sont les esprits audacieux qui feront avancer le management en faisant preuve de fermeté face à ceux qui ne veulent rien entendre : syndicalistes démagogues ou cadres installés dans une rente de situation.

Pour innover, l’imagination requiert inspiration et ouverture et la force des imaginaires c’est de nous propulser vers un nouveau monde en passant par le fait de rêver, d’imaginer et de concevoir pour en faire quelque chose de beau et de désirable. Dans le domaine de l’art, les artistes détectent les transformations invisibles pour saisir en avance les nouveaux imaginaires et devancer le monde réel. Offrez donc l’évasion car quand on voyage on s’expose à l’inconnu et aux opportunités, on se confronte à d’autres cultures, on ouvre ses sens à de nouvelles expériences, on questionne son imaginaire.

Les esprits créatifs font partie des acteurs du changement et il est important de savoir quels types d’organisation ou types de management leur permettent de s’épanouir ainsi qu’aux personnes de profils différents pour travailler ensemble. La théorie des systèmes nous enseigne que la structure lourde inhibe la créativité, tandis que dans les structures souples, interactives, décentralisées, flexibles, ouvertes, c’est la créativité des hommes et femmes qui influenceront tout le système. C’est la structure en réseau qui s’adapte le mieux où l’humain sera au cœur du dispositif pour agir, expérimenter et partager en confiance. Le réseau possède aussi son type de management : l’holacratie.

Dans ces structures, il est plus facile de vaincre la résistance au changement qui empêche le brassage, le mixage des compétences et des cultures pour promouvoir l’innovation. Alors comment faire en sorte que les salariés s’autorisent l’audace, qu’ils intègrent la prise de risque et s’approprient l’inconnu lié à toute initiative et acceptent l’éventualité de l’échec ? C’est le rôle des managers d’infuser de l’énergie à toutes les strates de l’entreprise, de mener des actions fortes et duplicables, de changer durablement les états d’esprit, de lever les peurs et favoriser la mise en mouvement. C’est également aux managers de fixer les limites de l’audace et de la prise de risques. Mais à force de reculer, nous prenons le risque de ne  jamais y aller. Alors foncez !

Les qualités personnelles des managers sont devenues des atouts essentiels : savoir-faire et savoir être, courage, rapidité de décision, passion, goût du risque, relations humaines.Nous aurons donc besoin de managers à géométrie variable, véritables locomotives pour tirer les trains de l’innovation et de la créativité. C’est une condition indispensable et non pas une option !

 

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